30 et 35%. Selon des statistiques de 2019, ce sont les chiffres respectifs de l’audience féminine consultant régulièrement des matches e-sportifs ainsi que la part des joueuses féminines dans le monde de l’e-sport. Ces chiffres, malheureusement bas, sont significatifs de la sous-représentation féminine dans le monde de la compétition. L’une
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LIGUE2. AC Ajaccio Amiens SC Auxerre Chamois Niortais FC Dijon FCO En Avant Guingamp FC Sochaux Grenoble Foot 38 Havre AC Nancy Nîmes Olympique Paris FC Pau FC Rodez Averyron SC Bastia NEW: SM Caen Quevilly-Rouen NEW: Toulouse FC USL Dunkerque Valenciennes PRIMEIRA LIGA. Arouca NEW: Belenenses SAD Boavista Estoril NEW:
Latuberculose urogénitale : elle présente les signes d'une pyélonéphrite ou infection du rein (fièvre, infections urinaires), douleurs abdominales , urines sanglantes , difficulté à uriner
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RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s FondĂ©e en 1928 par Magnus Hirschfeld, la Ligue Mondiale pour la RĂ©forme Sexuelle entendait rassembler mĂ©decins et profanes » dans le but de diffuser dans l’opinion publique les acquis de la nouvelle science sexuelle » et d’influencer les gouvernements dans un sens progressiste, sur des questions aussi variĂ©es que le contrĂ´le des naissances, le mariage et le divorce, l’homosexualitĂ©, la prostitution ou l’eugĂ©nisme. Très vite pourtant, elle fut dĂ©chirĂ©e entre des tendances contradictoires, et dans l’incapacitĂ© de mener Ă bien ses objectifs, alors que la crise des annĂ©es trente rendait son combat pour une nouvelle morale sexuelle rationnelle et humaniste de plus en plus utopique et que son pouvoir d’action se trouvait limitĂ© Ă la tenue de Congrès et Ă la dĂ©nonciation des lois injustes. The World League for Sexual Reform was created in 1928 by Magnus Hirschfeld in order to bring about “a new attitude towards all sexual questions, based on the findings of sexual science”. Gathering together doctors and lay persons, it aimed to influence governments on controversial issues such as birth control, marriage, divorce, homosexuality, prostitution or eugenics but was rapidly torn up between contradictory trends and unable to achieve its goals. At a time of economic, social and international crises, the League’s appeal to a new rational and humanist sexual moral seemed more and more utopian, even more so with its action limited to the holding of Congresses and to the denunciation of unfair laws through uncommitted de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Magnus Hirschfeld, Ă©voquant le combat des suffragettes dans son discours d’ouverture du 3ème Cong ... Ce qui Ă cette Ă©poque Ă©tait regardĂ© comme excentrique et Utopique en est maintenant venu Ă ĂŞtre acceptĂ© comme une Ă©vidence dans presque tous les pays civilisĂ©s. »1 2 Hirschfeld avait fondĂ©, en 1897, le WhK Wissenschaftlich-humanitäres Komitee ComitĂ© Scientifiq ... 1Les fondements de la sexologie furent posĂ©s, Ă partir de la fin du xixe siècle, Ă travers les Ĺ“uvres de Krafft-Ebing et Freud en Autriche, d’Iwan Bloch, Magnus Hirschfeld et Albert Moll en Allemagne, d’Havelock Ellis en Angleterre et d’Auguste Forel en France. Cette nouvelle science de la sexualitĂ© », prĂ©occupĂ©e par les troubles sexuels, Ă©prise d’hygiĂ©nisme, mais aussi sĂ©duite par le projet eugĂ©niste, se voulait porteuse d’utilitĂ© sociale. De nombreux mĂ©decins s’engagèrent alors activement dans le dĂ©bat sur la sexualitĂ©, croisant la route des mouvements de rĂ©forme sexuelle, qu’ils soient d’inspiration nĂ©o-malthusienne, fĂ©ministe, et/ou libertaire. Ces diffĂ©rents courants allaient trouver, Ă partir de 1928, la possibilitĂ© de conjuguer leurs efforts au sein d’une mĂŞme organisation, la Ligue mondiale pour la rĂ©forme sexuelle sur une base scientifique FondĂ©e par Magnus Hirschfeld, cĂ©lèbre pour sa lutte en faveur de la reconnaissance des homosexuels en Allemagne, elle s’inscrivait logiquement dans le prolongement de ses actions antĂ©rieures2 faire progresser les droits des minoritĂ©s sexuelles par la rĂ©flexion scientifique, lĂ©gitimer les revendications homosexuelles en les intĂ©grant dans le mouvement pour la rĂ©forme sexuelle. 3 Riese, Leunbach 1929 14. 4 Riese, Leunbach 1929 14. 2 La Ligue prenait naissance dans une pĂ©riode de crise sexuelle »3 marquĂ©e par les affrontements, plus ou moins violents selon les pays, autour du birth control et de l’examen prĂ©nuptial, du divorce et de la prostitution, de l’homosexualitĂ© ou du dĂ©pistage des dĂ©gĂ©nĂ©rescences ». Ce climat de tension transparaissait dans le vĹ“u Ă©mis par la Ligue d’atteindre les objectifs fixĂ©s en faisant appel Ă l’intellect, et non aux Ă©motions » et de soigneusement s’abstenir d’attaques personnelles contre les opposants »4. Pourtant, la allait ĂŞtre dĂ©chirĂ©e entre des tendances contradictoires, alors mĂŞme que la montĂ©e des pĂ©rils, la crise Ă©conomique et sociale des annĂ©es 30 et l’arrivĂ©e des nazis au pouvoir en Allemagne rendaient le combat pour la rĂ©forme sexuelle de plus en plus difficile Ă mener dans une perspective qui se voulait Ă la fois scientifique et apolitique. La Ligue mondiale pour la rĂ©forme sexuelle, une utopie scientifique ? 5 Les actes des Congrès Berlin, 15-20 Septembre 1921 ; Copenhague, 1-5 Juillet 1928 ; Londres, 8-1 ... 6 Voir note 21. 7 Les changements Ă la Constitution pouvaient ĂŞtre faits Ă la majoritĂ© simple et devaient ĂŞtre soum ... 3 La Ligue mondiale pour la rĂ©forme sexuelle fut officiellement fondĂ©e lors du Congrès de Copenhague5 qui se tint du 1er au 5 juillet 1928. C’est durant ce Congrès, historiquement le deuxième de la Ligue, après celui de Berlin de 19216, que furent prĂ©sentĂ©s les objectifs, le programme, la constitution et les principes fondamentaux de la Ligue ainsi que les grandes lignes de son organisation, mĂŞme si ces textes connurent par la suite des amĂ©nagements parfois importants7. Le pouvoir dĂ©cisionnel revenait au PrĂ©sident de la Ligue, aidĂ© d’un ComitĂ© Central exĂ©cutif de 5 membres, qui devaient thĂ©oriquement se rĂ©unir tous les trimestres, ainsi qu’à un ComitĂ© International composĂ© de reprĂ©sentants trois au maximum des pays membres, Ă©lu lors de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale qui se tenait Ă l’occasion du Congrès International. Le siège habituel de la Ă©tait situĂ© Ă Berlin, dans l’Institut pour la Science Sexuelle Institut fĂĽr Sexualwissenschaft de Magnus Hirschfeld, ce qui marquait bien la prĂ©pondĂ©rance, Ă ses origines, de la sexologie allemande. 8 Riese, Leunbach 1929 9. 9 Anita Grossmann 1995 120 souligne ainsi les convergences entre le programme de la et ... 4 Une rĂ©solution gĂ©nĂ©rale rĂ©sumait les ambitions de la Ligue, et identifiait les cibles privilĂ©giĂ©es de son action Le Congrès International pour la RĂ©forme Sexuelle sur une Base Scientifique en appelle Ă toutes les lĂ©gislatures, Ă la presse et aux peuples de tous les pays pour aider Ă crĂ©er une nouvelle attitude sociale et lĂ©gale basĂ©e sur la connaissance qui a Ă©tĂ© acquise grâce Ă la recherche scientifique en matière de biologie sexuelle, de psychologie et de sociologie Ă l’égard de la vie sexuelle des hommes et des femmes »8. Le programme de la Ligue reprenait celui Ă©laborĂ© par Magnus Hirschfeld pour le Congrès de Berlin 1 l’égalitĂ© politique, Ă©conomique et sexuelle des hommes et des femmes ; 2 la libĂ©ration du mariage et spĂ©cialement le divorce de la tyrannie de l’Eglise et de l’Etat ; 3 le contrĂ´le de la conception, de manière Ă ce que la procrĂ©ation ne soit engagĂ©e que de manière volontaire et responsable ; 4 l’amĂ©lioration de la race par l’application des connaissances eugĂ©niques ; 5 la protection de la mère cĂ©libataire et de l’enfant illĂ©gitime ; 6 une attitude rationnelle Ă l’égard des personnes sexuellement anormales, et spĂ©cialement Ă l’égard des homosexuels, hommes et femmes ; 7 la prĂ©vention de la prostitution et des maladies vĂ©nĂ©riennes ; 8 les perturbations de l’instinct sexuel doivent ĂŞtre regardĂ©es comme des phĂ©nomènes plus ou moins pathologiques, et non, comme par le passĂ©, comme des crimes, des vices ou des pĂ©chĂ©s ; 9 ne doivent ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme criminels que les actes sexuels qui portent atteinte aux droits sexuels d’une autre personne. Les actes sexuels entre adultes responsables, conclus d’un commun accord, doivent ĂŞtre regardĂ©s comme ne relevant que de la vie privĂ©e de ces adultes ; 10 une Ă©ducation sexuelle systĂ©matique ». Ces points ne diffĂ©raient pas sur l’essentiel de ceux mis en avant par les autres mouvements de rĂ©forme sexuelle, qu’ils soient progressistes ou rĂ©volutionnaires9, si ce n’est par l’attention particulière portĂ©e Ă la question homosexuelle ainsi que par la volontĂ© d’envisager la question sexuelle de manière globale, et non pas branche par branche. 10 Ce journal ne vit jamais le jour. La branche espagnole produisit cependant deux exemplaires de Se ... 11 Riese, Leunbach 1929 23. 5 Forte de la notoriĂ©tĂ© de ses membres – Auguste Forel, Havelock Ellis et Magnus Hirschfeld Ă©taient prĂ©sidents d’honneur – et de sa vocation internationale, la Ligue entendait faire pression sur les gouvernements afin d’obtenir des rĂ©formes, notamment en matière juridique et pĂ©nale, et contribuer Ă l’information de l’opinion publique par la publication, ou le soutien Ă la publication de travaux, qu’ils soient techniques ou de vulgarisation, Ă condition qu’ils encouragent la rĂ©forme sexuelle sur une base scientifique », la production d’un Journal International de la RĂ©forme Sexuelle 10, la tenue de congrès internationaux, la propagande par le biais de confĂ©rences, la fourniture d’informations aux lĂ©gislatures de tous les pays et une assistance en matière de lĂ©gislation sexuelle. Ces mĂ©thodes rappelaient celles employĂ©es par le WhK, qui avait fait de l’édition scientifique et du lobbying parlementaire les axes clĂ©s de son action, si ce n’est que la Ligue n’eut pas recours Ă l’arme de la pĂ©tition. Dans une motion lue lors du Congrès de Copenhague par Stella Croissant au nom de la Ligue de la RĂ©gĂ©nĂ©ration humaine », Eugène Humbert et Georges Hardy affirmaient ainsi ĂŞtre fermement convaincus que l’autoritĂ© des membres du Congrès sera assez puissante pour contribuer Ă faire que la question sexuelle ne soit plus la question tabou’ par excellence, mais soit soumise, sous tous ses aspects, Ă la discussion scientifique et publique »11. 12 Dose 1999 243. 13 On compte 182 adhĂ©rents individuels, dont un tiers pour la branche britannique. Lors des votes, c ... 14 Reich 2003 103. 15 NĂ©anmoins Ivan Crozier remarque que le Congrès de Londres ne prĂ©sentait qu’un panel restreint de ... 16 Haire, sexologue australien, homosexuel, juif, qui ne buvait pas d’alcool et souffrait de surpo ... 17 Norman Haire se plaça ainsi, lors du Congrès de Londres, en situation de concurrence face Ă Marie ... 6 La capacitĂ© d’attraction de la Ligue fut indĂ©niable. Si l’on comptait 70 dĂ©lĂ©guĂ©s internationaux Ă Copenhague en 1928, ils Ă©taient 350 Ă Londres en 1929, le Portugal Ă©tant le seul pays europĂ©en non reprĂ©sentĂ©, et 2000 Ă Vienne en 1930. En 1932, la Ligue rassemblait 190 000 membres, la plupart rĂ©partis dans les diverses associations affiliĂ©es12. La Ligue se voulait avant tout le catalyseur d’actions nombreuses mais en partie dispersĂ©es. Le Bund fĂĽr Mutterschutz en Allemagne, la British Society for the Study of Sex Psychology BSSSP en Angleterre adhĂ©rèrent par exemple Ă la Ligue et des branches nationales furent créées avec des succès variĂ©s. L’adhĂ©sion Ă©tait aussi possible Ă titre individuel13. On distingue, parmi les personnalitĂ©s de premier plan, Norman Haire et Dora Russell pour l’Angleterre, Margaret Sanger pour les États-Unis, Max Hodann et Helene Stöcker pour l’Allemagne, Victor Margueritte, Eugène Humbert et Georges Hardy pour la France, Alexandra KollontaĂŻ pour la Russie. L’affirmation de Wilhelm Reich selon laquelle la Ligue rĂ©unissait les sexologues et rĂ©formateurs les plus progressistes du monde entier»14 s’avĂ©rait justifiĂ©e15. C’était sans doute l’originalitĂ© majeure de la Ligue, par rapport Ă certaines de ses concurrentes, comme l’INGESE Internationale Gesellschaft fĂĽr Sexualforschung d’Albert Moll, de faire se cĂ´toyer, au sein d’une mĂŞme structure, mĂ©decins et profanes ». Le Congrès de Londres de 1929, avec sa double direction d’un cĂ´tĂ© le gynĂ©cologue Norman Haire, premier sexologue sur Harley Street16, de l’autre la socialiste et rĂ©formatrice Dora Russell rĂ©sumait bien cette volontĂ© de convergence, qui n’allait pas parfois sans soulever l’irritation des mĂ©decins, soucieux des privilèges de l’expertise17. 18 Riese, Leunbach 1929 107. 19 Marcuse 1927, Greenwood 1931. 20 Haire 1930 xii. 21 Il cite notamment la publication du Zeitschrift fĂĽr Sexualwissenschaft 1908, la première confĂ©r ... 7 Au-delĂ de ces querelles de prééminence, cette tension, constante, entre principes scientifiques et objectifs rĂ©formistes, constituait Ă la fois un atout et un handicap pour la Ligue. Une incertitude planait en effet sur la nature exacte de l’organisation et en particulier sur la manière dont elle entendait mettre la science au service de l’émancipation sexuelle. Selon le Dr Brupbacher Nous ne sommes pas et nous ne voulons pas ĂŞtre un club de discussion. Nous ne sommes pas davantage un congrès d’endocrinologues ou de spĂ©cialistes ; nous ne sommes pas non plus simplement des sexologues, mais nous voulons aussi ĂŞtre des rĂ©formateurs sexuels »18. Comparativement aux autres congrès19 qui se tenaient Ă la mĂŞme Ă©poque, la Ligue consacrait d’ailleurs relativement peu de place au dĂ©bat sur la sexologie en tant que telle. Le statut de la discipline mĂŞme demeurait incertain. Comme le soulignait Hirschfeld, rendant hommage Ă Iwan Bloch, ainsi qu’à ses deux collègues Ellis et Forel, absents des Congrès, la sexologie a grandi Ă la dignitĂ© de science indĂ©pendante seulement depuis le dĂ©but du prĂ©sent siècle »20 et s’il proposait une chronologie indicative des Ă©tapes de la constitution d’une vĂ©ritable science sexuelle21, il prenait soin d’inscrire l’émergence de celle-ci dans une perspective plus large celle des mouvements fĂ©ministes et abolitionnistes, de la ligue malthusienne et des groupements eugĂ©nistes, du WhK et de la sociĂ©tĂ© pour la rĂ©forme du mariage. La science, telle qu’elle Ă©tait ici dĂ©finie, ne pouvait se rĂ©sumer aux diffĂ©rentes branches qui la constituaient, qu’il s’agisse de la biologie, de la psychologie, de la psychanalyse, de la sociologie…, mĂŞme si celles-ci Ă©taient mises Ă contribution. Il s’agissait bien plutĂ´t d’une utopie scientifique qui devait servir de base Ă une nouvelle » morale, rationnelle et humaniste, permettant l’épanouissement de l’individu et disqualifiant dĂ©finitivement l’ » ancienne » morale, dĂ©rivĂ©e de la thĂ©ologie », dĂ©signĂ©e comme le principal vecteur d’» arriĂ©Âration ». 22 Il n’est pas possible ici de consacrer une longue analyse Ă la question de l’eugĂ©nisme, vis-Ă -vis ... 23 Haire 1930 xv. 24 Haire 1930 xxv. 8 Cette foi dans le rĂ´le de la science, qui n’était pas dĂ©pourvue de naĂŻvetĂ©, ni grosse de dĂ©rives possibles22, n’était Ă©videmment pas propre Ă la Ligue. Elle trouvait cependant un Ă©cho particulier au sein de celle-ci du fait des engagements initiaux de Magnus Hirschfeld. Ainsi qu’il le rappelait lui-mĂŞme Dans le combat de toute une vie contre l’ignorance et l’injustice en matières sexuelles, j’ai eu comme devise Per scientiam ad justiciam’ [il s’agissait de la devise du WhK]. Ce but n’a pas encore Ă©tĂ© atteint. Mais il sera atteint. Le pouvoir de la vĂ©ritĂ© une fois qu’elle a Ă©tĂ© reconnue et Ă©noncĂ©e garantit qu’il en sera ainsi. Je conclus avec l’espoir que ce Congrès fera un pas vers la rĂ©alisation de cet idĂ©al »23. L’utopie se parait d’accents prophĂ©tiques. Le militant nĂ©o-malthusien Eugène Humbert, absent du Congrès de Londres, adressa ainsi une lettre vibrante aux organisateurs Nous avons la foi la plus vive dans une rĂ©gĂ©nĂ©ration des peuples libĂ©rĂ©s des entraves ancestrales l’ignorance, la superstition et la peur. Nous avons confiance que nos efforts ne resteront point stĂ©riles. Marchons rĂ©solument dans le chemin des rĂ©alisations Ă©ducatives et lĂ©gales, aidons de toutes nos forces Ă la transformation des mĹ“urs barbares que nous ont lĂ©guĂ©es les civilisations passĂ©es et Ă©clairons de toute notre conscience la voie dans laquelle pourra enfin s’engager l’humanitĂ© de demain »24. C’était l’idĂ©e d’un droit au bonheur et Ă la satisfaction sexuelle qui s’affirmait ici, comme portĂ©e par l’enthousiasme des premiers Congrès. Le passage des discours Ă la pratique allait pourtant s’avĂ©rer particulièrement malaisĂ©. Eu Ă©gard aux dimensions de cet article, nous choisirons de prĂ©senter, comme exemplaire de ces difficultĂ©s, la question homosexuelle, un des axes majeurs du combat d’Hirschfeld au moment de la fondation de la Ligue. L’exemple de l’homosexualitĂ© l’abandon des exigences initiales ? 9 Tous les Congrès de la Ligue mentionnent l’homosexualitĂ©, que ce soit sous la forme de comptes rendus scientifiques ou d’appels Ă la tolĂ©rance rĂ©digĂ©s par des militants. Dans les deux cas de figure, cependant, les discussions suscitèrent davantage de sujets de tension que de concordance. 10 Le dĂ©bat sur la nature de l’homosexualitĂ© rĂ©vĂ©lait un premier point d’achoppement. Alors que Magnus Hirschfeld s’était fait connaĂ®tre en systĂ©matisant la thĂ©orie d’Ulrichs sur le troisième sexe », et dĂ©fendait l’hypothèse d’une homosexualitĂ© innĂ©e, nombre d’intervenants soutenaient l’idĂ©e d’une homosexualitĂ© acquise. Lors du Congrès de Berlin de 1921, le Dr Rogge revint sur les recherches de Steinach et la possibilitĂ© de guĂ©rir » les pseudo-homosexuels » par un traitement hormonal appropriĂ©, tandis que les Dr Schwarz et MĂĽller-Braunschweig s’inscrivaient dans une perspective psychanalytique. Le Dr Weil, qui s’interrogeait sur le rĂ´le des sĂ©crĂ©tions internes » dans l’intersexualitĂ© », Ă©tait plus proche des conceptions d’Hirschfeld. Cette polaritĂ© ne fut jamais rĂ©solue. A Vienne, en 1930, le Dr Arthur Baum concluait qu’il n’y avait pas d’homosexualitĂ© constitutionnelle », et que celle-ci fonctionnait comme un paravent » pour d’autres problèmes, comme le narcissisme, la frigiditĂ© ou l’impuissance, dont certains n’étaient pas forcĂ©ment de nature sexuelle. A Brno, en 1932, en revanche, Hirschfeld prĂ©senta des statistiques montrant que 3% de la population serait homosexuelle ou bisexuelle tandis que le Dr Abraham dĂ©veloppait ses recherches sur le transsexualisme. 25 La rĂ©forme du §175 fut l’objet de plusieurs projets de loi, en 1919, 1925, 1927, 1933 et de multi ... 26 En 1917, les lois sur la sodomie avaient Ă©tĂ© abolies, comme l’ensemble du code pĂ©nal tsariste, la ... 27 Hiller, membre du groupe des Pacifistes rĂ©volutionnaires Ă©tait antibolchevique. Hirschfeld Ă©tait ... 28 Dose 1999, Tamagne 2000. 11 Dans tous les cas, l’enjeu restait la dĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ©, en particulier en Allemagne oĂą le dĂ©bat autour du § 175 mobilisait les mouvements homosexuels et divisait l’opinion25. Le WhK qui se voulait apolitique, tout comme la Ligue, cherchait cependant Ă s’assurer du soutien des partis reprĂ©sentĂ©s au Reichstag le SPD et le DDP se montrèrent conciliants, le KPD s’engageant activement dans la lutte, d’autant plus facilement que l’URSS avait aboli les lois discriminatoires. La situation Ă©tait cependant loin d’être claire, la tolĂ©rance affichĂ©e par le parti communiste n’étant pas forcĂ©ment partagĂ©e par l’ensemble des militants tandis que la position soviĂ©tique n’était elle-mĂŞme pas dĂ©pourvue d’ambiguĂŻtĂ©26. La Ligue se fit l’écho de ces dĂ©bats. Ă€ Copenhague, Felix Halle, juriste et membre du KPD, consacra un long dĂ©veloppement Ă la dĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ© dans le cadre du projet de rĂ©forme pĂ©nale de 1927, alors que Kurt Hiller27, proche collaborateur d’Hirschfeld, renvoyant dos Ă dos rĂ©volutionnaires » dĂ©sinformĂ©s et lĂ©gislateurs rĂ©actionnaires », s’en prit Ă l’écrivain communiste Henri Barbusse, qui, dans la revue parisienne Les Marges, stigmatisait l’homosexualitĂ© comme une forme de dĂ©gĂ©nĂ©rescence bourgeoise. Hiller, qui Ă©tait dĂ©jĂ intervenu Ă Berlin sur Le droit et les minoritĂ©s sexuelles », avait publiĂ© en 1922 une brochure, §175 la honte du siècle, oĂą il dĂ©nonçait la pusillanimitĂ© des partis politiques vis-Ă -vis de la question homosexuelle. Fondateur en 1920 d’un ComitĂ© d’action Aktionausschuss qui Ă©choua Ă unifier les mouvements homosexuels allemands, Hiller avait créé en 1925 le Cartel pour la rĂ©forme du Code pĂ©nal en matière sexuelle Kartell fĂĽr die Reforme des Sexualstrafrechts. RĂ©unissant diffĂ©rents mouvements de rĂ©forme sexuelle, le Cartel inscrivait les revendications homosexuelles dans une perspective plus large, et aurait ainsi servi, selon Ralph Dose, de modèle Ă la Ligue. Son contre-projet de loi, en 1927, se heurta Ă une fin de non-recevoir, suscitant cependant un ardent dĂ©bat dans la presse. L’action du Cartel et celle de la Ligue semblèrent aboutir en 1929 au moment oĂą un nouveau projet de loi prĂ©voyait la dĂ©criminalisation des rapports homosexuels entre adultes consentants28. Il n’entra pas en vigueur. Le WhK subit alors une crise interne, conduisant Ă la dĂ©mission de Magnus Hirschfeld, qui choisit de se consacrer Ă ses activitĂ©s internationales. 29 Haire 1930 XIII. 30 Pour une comparaison avec les Congrès de l’INGESE qui se tiennent Ă Berlin en 1926 et Ă Londres e ... 31 Lettre du 21 fĂ©vrier 1929 in Crozier 2001 316. 32 Weeks 1979, Hall 1995, Tamagne 2000. FondĂ©e en 1914 sous le patronage de Magnus Hirschfeld, Havel ... 33 Elle envoie un tĂ©lĂ©gramme d’excuse. Norman Haire et Laurence Housman avaient, entre autres, accep ... 34 William J. Robinson Ă©voqua la question du lesbianisme dans le cadre de la prostitution. Sur lesbi ... 12 L’important, en la matière, Ă©tait, selon Hirschfeld, de rompre la conspiration du silence »29. Or, alors que le Congrès de Berlin avait consacrĂ© sept communications Ă l’homosexualitĂ©, celle-ci n’était plus abordĂ©e, Ă partir de 1929, que de manière incidente. Ce repli, s’il s’expliquait en partie par la crise de la section allemande, qui avait Ă©tĂ© la plus vocale sur le sujet, tenait aussi Ă des considĂ©rations internes Ă la Ligue. Ă€ Londres, c’est Norman Haire lui-mĂŞme qui souhaita limiter les interventions sur le sujet, suite aux critiques formulĂ©es par Albert Moll30 qui aurait laissĂ© entendre que la Ligue accordait trop d’importance aux anomalies sexuelles » Bien sĂ»r cela n’était pas vrai, et de toute façon il y a tant de choses d’un plus grand intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, que nous ne pouvons pas trouver de place sur le programme du Congrès pour la discussion de l’homosexualitĂ© ou d’autres variations de la norme »31, Ă©crivait-il Ă Dora Russell. Souci de respectabilitĂ©, ambition personnelle qui le poussaient Ă chercher la reconnaissance du monde mĂ©dical, les motivations de Haire Ă©taient multiples, et ont Ă©tĂ© justement dĂ©noncĂ©es par Ivan Crozier. Faut-il voir lĂ un exemple des limites de la coopĂ©ration entre mĂ©decins et militants ? On doit cependant relever qu’à la mĂŞme Ă©poque la BSSSP32, dont Haire Ă©tait Ă©galement membre, faisait preuve d’une grande prudence vis-Ă -vis d’un sujet encore tabou » en Angleterre. L’annĂ©e 1928 avait vu l’apogĂ©e de la campagne lesbophobe orchestrĂ©e autour du livre de Radclyffe Hall, Le Puits de solitude, finalement interdit. Si l’écrivaine ne semble pas avoir souhaitĂ© intervenir lors du Congrès de Londres33, la question de l’homosexualitĂ© fĂ©minine y fut abordĂ©e Ă plusieurs reprises, en dĂ©pit des vĹ“ux de Haire, mais uniquement dans le cadre du dĂ©bat sur la censure34, et toujours dans une perspective intellectuelle. Ă€ Vienne en 1930, les allusions furent encore plus limitĂ©es, et recentrĂ©es sur la question de l’homosexualitĂ© de situation ». Ernst Toller et Elgar Kern abordèrent ainsi le problème de l’homosexualitĂ© en prison, tandis que le Dr Fritz Wittels faisait de l’homosexualitĂ© masculine l’une des consĂ©quences de la misère sexuelle » c’était selon lui parce que les femmes allemandes faisaient preuve d’une trop grande moralitĂ© qu’elles conduisaient les hommes frustrĂ©s Ă se tourner vers les rapports homosexuels. L’objectif premier de la rĂ©forme pĂ©nale semblait bien ĂŞtre passĂ© au second plan. L’argumentation croissante en faveur d’une homosexualitĂ© acquise, qui allait de pair avec l’évolution de la recherche mĂ©dicale dans les annĂ©es 30, minait de fait en partie le combat pour la dĂ©pĂ©nalisation. 35 Ralph Dose remarque qu’il s’agit de branches fondĂ©es tardivement 1932 pour les branches hollanda ... 36 Brandhorst 2003 47. 37 Cleminson, Amezua 1999 ; Cleminson 2003 ; Glock 2003 ; Sinclair 2003. 38 L’homosexualitĂ© fut Ă©galement dĂ©criminalisĂ©e en 1932, sauf dans les forces armĂ©es. 39 Les Français Ă©taient cependant peu reprĂ©sentĂ©s au Congrès de Londres, mĂŞme si l’on doit souligner ... 13 Ce combat, en outre, ne trouvait pas forcĂ©ment d’écho au sein des branches nationales. Les sections hollandaise, française et espagnole prĂ©fĂ©rèrent ne pas adopter le manifeste gĂ©nĂ©ral de la Ligue et produire une version plus adaptĂ©e, selon elles, aux rĂ©alitĂ©s de leur pays35. La question homosexuelle connut ainsi un traitement diffĂ©renciĂ© selon les branches. Alors que la section hollandaise, très radicale, prĂ´nait la dĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ© entre adultes consentants et l’égalitĂ© sociale et lĂ©gale pour les homosexuels, hommes et femmes, en liaison avec le NWHK, l’association de dĂ©fense homosexuelle nĂ©erlandaise modelĂ©e sur le WhK36, la branche espagnole37, fondĂ©e dans le contexte favorable de la Seconde RĂ©publique, et inspirĂ©e par la section française, se montrait très rĂ©ticente. ComposĂ©e essentiellement de mĂ©decins et de juristes, elle apparaissait comme une organisation Ă©litiste, sans doute la plus conservatrice de toutes les branches de la et dont les prĂ©occupations, proches de celles des classes moyennes et encore marquĂ©es par le catholicisme, tranchaient avec celles des mouvements anarchistes alors très prĂ©sents dans les milieux populaires espagnols. Aucun des deux courants ne tĂ©moignait par ailleurs de sympathie pour l’homosexualitĂ©, le principal enjeu des rĂ©formes Ă©tant le droit au divorce, finalement obtenu en 193238. Dans le cas français, l’indiffĂ©rence dominait, mĂŞme si l’on doit souligner qu’à la diffĂ©rence des pays voisins, l’homosexualitĂ© n’y Ă©tait pas condamnĂ©e, ce qui n’empĂŞchait pas l’hostilitĂ© et le harcèlement policier. La question du contrĂ´le des naissances dominait les dĂ©bats. Selon Mathilde Chenin, la Ligue de la RĂ©gĂ©nĂ©ration humaine » ou Pro Amore», fondĂ©e en 1928, permit de donner un nouveau souffle au mouvement nĂ©o-malthusien français qui avait subi de plein fouet les persĂ©cutions consĂ©cutives Ă la loi de 192039. Elle fut reprise en main, Ă partir de 1930, par le ComitĂ© français de la dont les principaux acteurs, Berty Albrecht, Victor Basch et le Dr Sicard de Plauzole, organisèrent des confĂ©rences et la publication de la revue Le Problème sexuel de 1933 Ă 1935. La question homosexuelle n’y fut jamais abordĂ©e. L’échec de la Ligue le rejet de l’option rĂ©volutionnaire ? 40 La section espagnole parvint cependant Ă organiser d’avril Ă mai 1933 une confĂ©rence consacrĂ©e aux ... 14 Le Congrès de Brno, qui devait originellement se tenir Ă Moscou, fut le dernier organisĂ© par la Ligue40. Les meetings prĂ©vus Ă Paris, puis Ă Chicago, en 1933, n’eurent pas lieu. L’arrivĂ©e des nazis au pouvoir en Allemagne, suivie de la mise Ă sac de l’Institut fĂĽr Sexualwissenschaft de Magnus Hirschfeld, porta un coup fatal Ă l’organisation, qui fut officiellement dissoute en 1935. Le but de la Ligue avait Ă©tĂ© de convaincre les gouvernements de la rationalitĂ© de la rĂ©forme sexuelle. Alors que l’Europe affrontait la dĂ©pression Ă©conomique et voyait monter la menace fasciste, de telles prĂ©occupations semblaient dĂ©passĂ©es. 41 Reich 2003 72. 42 Reich 2003 86. 43 Reich 2003 105. 15 Dans La RĂ©volution sexuelle, Wilhelm Reich consacre une partie de son analyse Ă l’échec de la Ligue. Selon lui, la crise sexuelle » doit ĂŞtre comprise comme le conflit entre la moralitĂ© qui est imposĂ©e Ă l’ensemble de la sociĂ©tĂ© par une minoritĂ©, dans l’intĂ©rĂŞt du maintien de son pouvoir, et les besoins sexuels de l’individu »41. Aussi les libĂ©raux, comme Magnus Hirschfeld », ou les rĂ©formistes » en gĂ©nĂ©ral, sont-ils vouĂ©s Ă l’échec puisqu’ils entendent rĂ©soudre la misère sexuelle sans remettre en cause le système qui la produit. Sont particulièrement visĂ©es l’institution du mariage monogame et l’abstinence sexuelle obligatoire pour la jeunesse, qui contribuent Ă la reproduction de cet ordre social autoritaire, ce que la science objective » ou apolitique » tolère au nom de la spiritualisation des relations sexuelles »42. Citant la dĂ©claration publiĂ©e par Norman Haire et Leunbach après la mort de Magnus Hirschfeld, oĂą ils expliquaient la dissolution de la Ligue du fait des conditions Ă©conomiques et politiques en Europe », de la faillite des branches nationales française et espagnole et surtout des divergences d’opinion » entre les membres quant au maintien de l’apolitisme primitif de la Ligue », Reich conclut C’était la fin d’une organisation qui avait tentĂ© de libĂ©rer la sexualitĂ© dans le cadre de la sociĂ©tĂ© rĂ©actionnaire »43. 44 Riese, Leunbach 1929 123. 45 Riese, Leunbach 1929 111. 46 Reich 2003 105. 47 Le choix de Moscou comme lieu du futur Congrès souleva en 1929 des objections de la part de certain ... 16 Les principaux problèmes portaient sur la dĂ©finition de la rĂ©forme sexuelle et le rĂ´le assignĂ© aux Ă©lites dans l’élaboration d’une nouvelle morale sexuelle. En 1928, Merritt-Hawkes opposait ainsi les scientifiques qui ont la connaissance des faits sexuels » et la masse » prisonnière de ses prĂ©jugĂ©s et tabous », tout en reconnaissant qu’il appartenait aux scientifiques d’aider les gens ordinaires » dans leur vie quotidienne, faisant surgir le bonheur lĂ oĂą il y avait le chagrin et apportant la satisfaction lĂ oĂą il n’y avait que le vide »44. Pour le communiste Felix Halle, au contraire Une rĂ©forme sexuelle ne peut jamais ĂŞtre l’œuvre d’un seul, ni d’un petit groupe scientifique aussi haut placĂ© soit-il. […] La transformation des relations sexuelles, l’accomplissement de la rĂ©volution sexuelle ne peuvent ĂŞtre que l’œuvre de la masse nĂ©cessiteuse elle-mĂŞme »45. Pour Halle, la rĂ©forme sexuelle ne pouvait se comprendre que dans une perspective marxiste, c’est-Ă -dire sur la base du matĂ©rialisme scientifique. Si le KPD devait, selon lui, soutenir les efforts de la Ligue, la rĂ©volution socialiste restait le meilleur moyen d’accomplir la rĂ©volution sexuelle. Il rappelait que la rĂ©volution russe avait prĂ©cipitĂ© une rĂ©forme sexuelle radicale » en URSS, dont les acquis Ă©taient soulignĂ©s dans la communication de G. Batkis et L. Gurwitsch consacrĂ©e Ă La rĂ©forme sexuelle en URSS » et dans celle du Dr Pasche-Oserski sur La lĂ©gislation pĂ©nale en matière de sexualitĂ© en URSS ». Pour ce dernier, l’URSS Ă©tait appelĂ©e Ă servir de modèle aux autres pays, point de vue alors couramment partagĂ© par nombre de rĂ©formateurs ou d’intellectuels. Faut-il pour autant considĂ©rer qu’il Ă©tait impossible d’atteindre les objectifs de la Ligue sans combattre simultanĂ©ment pour une rĂ©volution socialiste » et affirmer, comme Leunbach, que la Ligue Ă©tait condamnĂ©e Ă l’impuissance parce qu’elle n’a pas rejoint le mouvement ouvrier »46 ? Anita Grossmann souligne Ă juste titre que le KPD et la Ligue, malgrĂ© ses divisions entre une tendance libĂ©rale anglo-saxonne47 et une tendance pro-soviĂ©tique davantage germanique et scandinave, partageaient la mĂŞme foi dans le pouvoir de la science et le rĂ´le rĂ©gulateur de l’État en matière sexuelle. Si la dĂ©sagrĂ©gation de l’État-providence en Allemagne Ă partir des annĂ©es 1931-1932 et l’échec de la rĂ©forme sexuelle notamment homosexuelle ouvraient la voie aux demandes plus radicales d’organisations comme le Sexpol de Reich, celui-ci au final ne se trouva pas davantage en mesure de susciter des changements rĂ©els. Le durcissement de l’URSS sur les questions sexuelles, Ă partir de 1934-1935, devait par ailleurs porter le doute sur le potentiel Ă©mancipateur du modèle communiste en ces matières. 48 La malgrĂ© un regain d’intĂ©rĂŞt dans les annĂ©es 60, n’a fait l’objet jusqu’à prĂ©sent que de ... 49 Il est remarquable que ce passage ait Ă©tĂ© supprimĂ© de la traduction anglaise. 50 Chenin 60. 51 Rosenthal 1932 175. 17 Il est difficile, dès lors, d’apprĂ©cier l’influence de la Ligue, d’autant que l’examen des conditions de sa rĂ©ception est Ă peine engagĂ©48. Sur cette question Ă©galement, il semble que les avis aient divergĂ© au sein de la Ligue, entre le souci d’une reconnaissance officielle, garantie possible d’un impact politique, et la volontĂ© de rester Ă l’écart des pressions institutionnelles, manière de prĂ©server une certaine radicalitĂ© de pensĂ©e. J. H. Leunbach, en tant que secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Ligue, se rĂ©jouit ainsi, dans son discours de bienvenue au Congrès de Copenhague, que la cĂ©rĂ©monie n’ait pas donnĂ© lieu Ă une rĂ©ception officielle ou aux discours verbeux » de reprĂ©sentants de l’État, de l’Église ou de toute autre instance de pouvoir49, mais se dit confiant que dans les jours qui suivent, et malgrĂ© le caractère spartiate » de l’accueil, des questions de la plus grande importance seront abordĂ©es, suscitant de nouvelles impulsions pour les travaux Ă venir. De fait, et mĂŞme si les membres de la Ligue furent invitĂ©s, Ă Vienne, Ă rencontrer le maire de la ville Ă la fin du congrès50, le Congrès de Brno fut, selon le Dr Rosenthal51, le premier Ă revĂŞtir un caractère semi-officiel », puisqu’il put se tenir dans les locaux de la facultĂ© de mĂ©decine et qu’il fut saluĂ© Ă la fois par les autoritĂ©s de la facultĂ©, le rĂ©gime tchèque et les villes de Brno et de Prague. Le prĂ©sident Masaryk, un ancien professeur de philosophie, envoya un tĂ©lĂ©gramme de bienvenue au Congrès, accompagnĂ© de ses meilleurs vĹ“ux. Bien que provinciale et excentrĂ©e, et peut-ĂŞtre moins prestigieuse que d’autres destinations, Brno, patrie de Gregor Mendel, le fondateur de la gĂ©nĂ©tique, offrait un terrain favorable Ă l’étude des questions de sexologie, d’autant que la lĂ©gislation tchèque très avancĂ©e en matière sexuelle avait Ă©tĂ© saluĂ©e Ă plusieurs reprises par le Congrès. 52 Haire 1930 xvi, xx. 18 Une autre mesure de l’influence de la Ligue pourrait ĂŞtre tentĂ©e Ă travers les comptes rendus parus dans la presse. Ivan Crozier prĂ©cise ainsi que les publications scientifiques, comme The Lancet ou le British Medical Journal n’avaient recensĂ© que les communications prĂ©sentant un intĂ©rĂŞt mĂ©dical » au dĂ©triment des autres travaux. On en trouve cependant un Ă©cho dans la presse gĂ©nĂ©raliste Ă partir du Congrès de Londres, peut-ĂŞtre grâce Ă l’action très mĂ©diatique de Norman Haire. Le Times y consacra deux articles, le premier reprenant en partie le discours d’ouverture de Magnus Hirschfeld, le second se focalisant sur la question de la censure, tandis que Le Temps, en France, s’intĂ©ressa davantage Ă la question du divorce, et souligna la prise de parole du dĂ©lĂ©guĂ© russe sur la situation en URSS. Dans les deux cas, il s’agissait de comptes rendus neutres, purement factuels. Le Congrès de Vienne suscita Ă©galement un certain intĂ©rĂŞt, en dĂ©pit d’une atmosphère trouble. Le Berliner Tageblatt du 17 septembre 1930 consacra un assez long article Ă l’ouverture du Congrès. Le journal, qui, dĂ©jĂ dans les annĂ©es vingt, avait suivi avec sympathie le combat de Hirschfeld pour l’abolition du §175, livrait un long passage de son intervention oĂą il appelait entre autres au droit Ă l’amour » des minoritĂ©s sexuelles ». Le Times note cependant le 18 septembre 1930 que le bâtiment du Congrès est fortement gardĂ© du fait de prĂ©cĂ©dentes manifestations d’hostilitĂ© Ă l’égard de la Ligue pour la RĂ©forme Sexuelle de la part de membres du parti clĂ©rical » ce qui rappelait les attentats dont Hirschfeld, reprĂ©sentant alors le WhK, avait pu ĂŞtre l’objet lors de confĂ©rences Ă Munich. De manière beaucoup moins alarmante, Dora Russell et Norman Haire avaient soulignĂ©, lors de l’ouverture du Congrès de Londres, que son organisation avait Ă©tĂ© laborieuse du fait de la tradition de pruderie sexuelle et d’hypocrisie » propre Ă l’Angleterre, le pays le plus rĂ©actionnaire sur la question sexuelle »52. 53 Haire 1930 593. 54 Russell 1975 218. Haire rompra avec Dora Russell en raison de ce qu’il appelle sa subordinati ... 19 Les principes fondamentaux de la Ligue soulignaient que celle-ci ne doit pas se confiner Ă l’étude des problèmes sexuels. Son but premier est d’obtenir des rĂ©formes pratiques pour le bien de l’humanitĂ© par l’application de la connaissance dĂ©rivĂ©e de l’étude de ces problèmes »53. Dans son autobiographie, Dora Russell note, a posteriori, que le principal problème de la Ligue Ă©tait que les contributions Ă©taient presque toutes destinĂ©es Ă informer ou influencer l’opinion publique plutĂ´t qu’à organiser l’action politique […] au total [ses] collègues Ă©rudits se contentaient de dĂ©crire l’état de la connaissance et de la pratique publique, d’exposer l’inhumanitĂ© des lois sans envisager de façon sĂ©rieuse d’y remĂ©dier »54. 55 Dose 1999 246. 56 Dose 1999 252. 20 Organisme de coordination Ă vocation internationale, la Ligue n’était pas armĂ©e pour agir sur le terrain et mener une action de proximitĂ©. Une telle tâche Ă©tait logiquement dĂ©volue aux branches nationales et aux mouvements affiliĂ©s mais ceux-ci conservaient la maĂ®trise de leur agenda, poursuivant leurs propres objectifs. Selon Ralph Dose55, en prĂ©tendant faire la synthèse d’aspirations souvent contradictoires, la Ligue avait Ă©tĂ© incapable de satisfaire quiconque. Ni les homosexuels dont les revendications Ă©taient noyĂ©es dans la masse, ni les fĂ©ministes brimĂ©es au sein d’un mouvement majoritairement masculin, ni les nĂ©o-malthusiens pris au piège du dĂ©bat sur l’eugĂ©nisme et la misère sociale. Sa faillite, pourtant, ne saurait ĂŞtre totale forum international oĂą pouvaient ĂŞtre discutĂ©s des sujets d’intĂ©rĂŞt aussi bien mĂ©dical, social que moral, la Ligue avait permis la diffusion des idĂ©es nouvelles dans de très nombreux pays, et constituĂ© un espace de rĂ©flexion unique oĂą pouvaient se confronter mĂ©decins et rĂ©formateurs sexuels, tenants d’une rĂ©volution socialiste » et libĂ©raux anglo-saxons, humanistes et utopistes de tous bords. Elle ouvrait ainsi la voie Ă d’autres organisations, tel que le mouvement international pour le planning familial, qui firent le choix, dans un contexte plus favorable, de limiter leurs ambitions pour sans doute davantage d’efficacitĂ©56. Haut de page Bibliographie Brandhorst Henry, 2003, From Neo-Malthusianism to Sexual Reform the Dutch Section of the World League for Sexual Reform », Journal of the History of Sexuality, Vol. 12, n° 1, January, p. 38-67. 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1La thèse, maintenant classique, développée par John Bowlby en 1958, lors de sa première formulation de la théorie de l’attachement, est que l’attachement du bébé à sa figure d’attachement a pour base un équipement comportemental constitué par un nombre déterminé de réponses instinctives » qui l’orientent vers la figure d’attachement. Bowlby a identifié cinq de ces réponses, qui apportent une contribution spécifique au développement de l’attachement de l’enfant sucer, attraper, suivre comportements de proximité , pleurer et sourire comportements de signalisation. Ces comportements deviennent intégrés et dirigés vers la figure d’attachement au long de la première année de vie, donnant lieu à ce qu’il a désigné comme les comportements d’attachement. En 1969, Bowlby présente une version reformulée de sa thèse initiale, en reconnaissant que des formes plus élaborées de comportements d’attachement peuvent s’organiser dans un système comportemental d’attachement Soares, 1996. 2Le comportement d’attachement, dans ce sens, est conçu comme une forme de comportement, simple ou organisé, qui aboutit à la recherche ou au maintien de la proximité à un individu différencié et préféré. Lorsque cette figure d’attachement paraît disponible, le comportement peut se limiter à une vérification visuelle ou auditive dirigée vers cette figure, et à un échange occasionnel de regards. Cependant, dans certaines circonstances, l’enfant peut s’adonner à la recherche de la figure d’attachement, ou chercher à l’attraper, de façons à éliciter chez elle un comportement de soins careseeking role. Le comportement symétrique du comportement d’attachement, avec une fonction complémentaire de protéger l’individu attaché, est celui de prodiguer les soins caregiving role. Tel est le rôle du caregiver ou d’un autre adulte ; il est dirigé vers un enfant ou un adolescent, mais il peut aussi être mis en évidence chez un adulte ; vis-à -vis d’un autre adulte, spécialement en temps de maladie, de stress, ou d’âge avancé Bowlby, 1980 ; Ainsworth, 1985. Durant l’enfance, la proximité physique et la disponibilité émotionnelle du caregiver sont des facteurs critiques de la qualité du caregiving. De la deuxième enfance à la vie adulte, le fait de savoir que le caregiver est potentiellement disponible devient progressivement aussi efficace que la proximité. 3L’attachement se réfère au lien émotionnel spécifique que le bébé développe avec son caregiver pendant la première année de sa vie Bowlby, 1969/1982 ; 1988. Il se distingue aussi du lien que le caregiver a avec l’enfant et aux processus de liaison qui sont associés aux premières heures de la vie bonding. L’attachement se réfère à la relation qui émerge au fil du temps à partir d’une histoire d’interactions de caregiving [5] Sroufe et Waters 1977. Cette relation peut ne pas être présente dans les premières semaines de vie, vu les limitations du bébé dans la compréhension de soi et des autres. Au contraire, à mesure que les adultes interagissent et s’occupent du bébé pendant la première année de la vie, l’enfant organise son comportement autour de ce caregiver. 4Le long développement de l’attachement de l’enfant envers sa figure d’attachement est une adaptation évolutive essentielle de l’espèce humaine, dans la mesure où les humains, comme les autres primates, naissent vulnérables, mais le restent durant plusieurs années Hrdy, 2000. A la lumière d’une perspective phylogénétique, il a été proposé que le système d’attachement ait évolué pour garantir que les petits enfants et les donneurs de soins soient en proximité physique, de façons à assurer la protection des plus jeunes. La figure d’attachement fonctionne, en principe, comme un havre de sécurité, une source de réconfort et de protection dans un contexte d’activation physiologique ou de menace environnementale, et comme base de sécurité pour l’exploration [6], [7] Bowlby, 1969/ 1982 ; Ainsworth, 1969 ; Ainsworth, Blehar, Waters, et Wall, 1978. Ainsi, dans cette perspective, tous les enfants ont tendance à établir des liens avec des adultes qui s’occupent d’eux et qui leurs sont proches, indépendamment du type de traitement qu’ils reçoivent Bowlby, 1969/1982 ; Sroufe, 1986. Les études éthologiques et humaines suggèrent que l’attachement se développe même dans un contexte de mauvais traitements et de punitions sévères Ainsworth, 1967 ; Belsky et Nezworsky, 1988 ; Carlson, Cicchetti, Burnett, et al., 1989 ; Crittenden, 1981 ; Egelend et Sroufe, 1981 ; Harlow et Harlow, 1965. Dans ces circonstances, c’est la qualité de cette relation d’attachement qui est en cause, et pas sa présence ou son intensité Sroufe et Waters, 1977 ; Ainsworth, 1972. 5Les enfants développent d’abord des relations d’attachement avec une figure d’attachement primaire, figure qui s’insère dans son contexte de caregiving Bowlby, 1969/1982 ; Ainsworth, 1972 ; Rutter, 1981 ; les jeunes enfants peuvent ensuite établir une hiérarchie de ces figures d’attachement, quand il existe plusieurs personnes s’occupant du bébé. Les bébés montrent des comportements d’attachement p. ex. pleurer, s’approcher et obtiennent de la sécurité à partir de figures d’attachement secondaires quand les figures primaires ne sont pas disponibles Harlow, 1963. Cependant, en réponse à un stress important, leur préférence devient claire, avec la nécessité d’une plus grande proximité avec la figure d’attachement primaire. Une fois établi, ce type de relation préférentielle avec la principale figure d’attachement a tendance à se maintenir, et un changement de comportement d’attachement vers une nouvelle personne ou un étranger devient plus difficile. Dans un réseau de personnes s’occupant de l’enfant mère, père, grand-père, la qualité de l’attachement est spécifique de la relation en cause, et se construit au travers des interactions avec chacune de ces personnes Easterbrooks, 1989. 6La disponibilité de la figure d’attachement s’accompagne du développement d’une expérience par l’enfant d’une sécurité de l’attachement l’expérience de la sécurité est associée à une perception de la figure d’attachement comme disponible, et l’anxiété ou l’insécurité est associée à la perception d’une menace face à cette développement des relations d’attachement7Le contexte de vie d’un enfant est une composante absolument déterminante pour le développement des systèmes comportementaux permettant la formation de l’attachement. Théorisant sur ces dénominateurs communs, Bowlby indique – When he is born, an infant is far from being a tabula rasa » 1969/1982, p. 265. Au contraire, le bébé est né équipé avec un nombre de systèmes prêts à être déployés lors des stimulations environnementales. Comme nous l’avons mentionné précédemment, quelques-uns de ces systèmes comportementaux constituent les piliers de sustentation du développement de l’attachement, parmi lesquels nous soulignons l’acte de pleurer, d’attraper, la succion, et l’orientation du nouveau-né. 8Bowlby a postulé que le système de développement de l’attachement se construit en quatre phases, les trois premières se déroulant durant la première année de vie et la quatrième commençant autour du troisième anniversaire de l’ I – Orientation et signaux avec une discrimination limitée des figures 8 à 12 semaines le bébé, n’étant pas capable de différencier les personnes sinon au niveau olfactif et auditif, a tendance à s’orienter de préférence vers les humains en général. Cette tendance, qui promeut et augmente la proximité et le maintien du contact avec ceux-ci, se remarque au travers de comportements instinctifs. L’intensité de ces manifestations comportementales atteint son maximum de sociabilité à douze semaines, puisque c’est le moment où les enfants arrivent déjà à reconnaître la figure humaine et montrent un sourire social intentionnel Ainsworth, et al., 1978.Phase II – Orientation et signaux dirigés vers une ou plusieurs figures différenciées 12 à 24 semaines on assiste à l’apparition d’une réponse différenciée du bébé centrée sur lales figures avec lesquelles il commence à établir une relation particulière. Cette phase n’a pas un début très clair, parce que la différenciation des comportements est progressive et en fonction de certaines figures, et peut se terminer au-delà de six mois selon les III – Maintien de la proximité avec une figure différenciée par locomotion et d’autres signaux 6 à 36 mois. Cette période est caractérisée par des avancées significatives, au niveau du développement moteur, cognitif et socio-émotionnel, dans l’organisation des systèmes comportementaux. Les nouvelles compétences, principalement la locomotion, permettent au bébé une exploration plus intense de son entourage. Une plus grande activation du système d’exploration, à cause de l’augmentation du risque qu’elle comporte pour la sécurité du bébé, rend impérative la structuration du système d’attachement, qui vise à protéger l’ IV – Formation d’un partenariat réciproque corrigé quant au but après 36 mois. Graduellement, on assiste à l’abandon d’une position égocentrée de la part de l’enfant, qui aboutit au moment où il commence à être capable de prendre en compte le point de vue de la figure d’attachement. En conséquence, il peut commencer à penser que ses sentiments et ses motivations, ses buts et ses plans peuvent influencer le comportement de sa figure d’attachement. Dans ce sens, on parle d’un système corrigé quant au but. L’enfant, recourant à une sorte de carte mentale encore élémentaire, commence à concevoir la figure d’attachement comme une personne indépendante, permanente dans le temps et l’espace, se mouvant dans un continuum spatial et temporel de façon plus ou moins prévisible. La qualité de ces expériences interactionnelles particulièrement au niveau du langage, ainsi que les compétences acquises vers la décentration du point de vue de l’enfant, sont en relation avec le succès ou l’échec à soutenir la proximité et la communication avec les figures d’attachement [8] Soares, 1996.Nous pouvons alors concevoir que le développement de l’attachement humain se crée à travers une matrice organisée autour du système de soins de la figure parentale, s’exprimant sous la forme de patterns de régulation dyadiques, dans lesquels le degré de participation de l’enfant est progressivement croissant Sroufe, 1990. 9Dans ce contexte, nous pouvons affirmer que, d’après la théorie de l’attachement, pendant les premières semaines de vie déjà , les bébés initient, soutiennent et mettent fin à des interactions sociales Emde, 1989, bien qu’ils le fassent de façon réflexe, sans intention volontaire. Par exemple, ils se retournent en entendant le son de la voix, prêtant plus d’attention au visage humain et à ses expressions faciales, et ils se calment lors du contact humain Emde, 1989 ; Ainsworth, Bell, et Stayton, 1974. Les capacités des enfants, en elles-mêmes, sont toutefois insuffisantes, car la réponse du caregiver est indispensable pour assurer l’autorégulation du bébé Emde, 1989 ; Berger, 1974 ; Koop, 1982. Les expériences relationnelles du bébé avec sa figure d’attachement primaire s’accroissent progressivement pendant les premiers mois, permettant aussi la maturation des processus cognitifs et la synchronisation au niveau neuronal des liens entre les segments de l’expérience et les attentes du bébé Cicchetti, Ganabian, et Barnett, 1991 ; Collins et DePue, 1992 ; Greenough et Black, 1992 ; Kraemer, 1992 ; Schore, 1994 ; Siegel, 2001. 10De la naissance jusqu’à 3 mois environ, les modèles régulateurs de l’équilibre physiologique s’établissent et s’organisent dans le contexte de la matrice relationnelle primaire. Par essais et erreurs, le caregiver apprend à interpréter et à répondre de façon adaptée aux états fluctuants et aux signaux de l’enfant p. ex. aux pleurs. Ces modèles initiaux de régulation physiologique dans le cadre de la relation de soins servent de prototype pour une régulation psychologique ultérieure Sroufe, 1995. 11Pendant le deuxième trimestre du bébé, le parent augmente la variété, la complexité comportementale de ses échanges affectifs avec l’enfant, en coordonnant ses expressions faciales, ses vocalisations et la présentation d’objets aux réponses et signaux du bébé selon l’expérience qu’il a acquise lors des séquences d’interaction antérieures. Ces modèles d’interactions permettent à l’enfant de maintenir son niveau d’organisation face à l’augmentation de ses niveaux d’activation physiologique Brazelton, Koslowsky, et Main, 1974 ; Sander, 1975 ; Stern, 1974. L’enfant peut initier une activité et participer dans les interactions orchestrées par le caregiver, mais ne peut pas accomplir ou soutenir cette organisation de façon indépendante. Une fois développée, la répétition de ces comportements et de ces échanges affectifs établissent le fondement des interactions initiées par les bébés, lesquelles sont caractéristiques de la prochaine phase d’organisation de l’attachement Sander, 1975 ; Sroufe, 1989. 12Le développement psychomoteur de l’enfant facilite le troisième niveau d’organisation dyadique avec l’émergence de la locomotion, le bébé devient plus efficace dans le maintien de la proximité avec la figure d’attachement Bowlby, 1969/1982. Avec l’augmentation de sa capacité d’agir de façon intentionnelle, l’enfant assume un rôle plus actif dans l’initiation, le maintien et l’extension de ses modèles comportementaux il essaie par exemple de suivre le caregiver si celui-ci s’absente, et lui sourit ou lui fait signe s’il revient Bowlby, 1969/1982 ; Sroufe, 1989. A partir des interactions orchestrées par le caregiver émerge une relation d’attachement spécifique, caractérisée par la réciprocité Sroufe, 1989. 13Pendants les derniers mois de la première année, l’organisation comportementale du bébé reflète son rôle actif dans le système dyadique. Le donneur de soins assume le rôle de havre de sécurité ou de base de sécurité Ainsworth, 1973 autour duquel l’enfant centre ses activités exploratrices. Les différences individuelles entre les modèles de régulation dyadiques deviennent plus évidentes. Ces variations reflètent des différences dans l’histoire du mode de caregiving et dans les expectatives de l’enfant concernant la disponibilité de la figure d’attachement. 14Dans des circonstances de soins adéquats et sensibles, l’enfant, quand il est effrayé ou en souffrance, a recours à la figure d’attachement, étant donné que celle-ci, reconnaissant l’expression de ses besoins, lui offre du réconfort jusqu’à ce qu’il se tranquillise à nouveau. Au travers des interactions de ce type et à travers le partage d’émotions positives, l’enfant développe la confiance relative à la disponibilité de la figure d’attache- 15ment et à l’efficacité de ses propres initiatives. C’est ce mécanisme qui caractérise une relation d’attachement sécure ». Les relations avec un moindre degré de confiance attachement anxieux ou insécure sont associées à des soins marqués par l’indisponibilité, l’inconsistance de la proximité physique ou émotionnelle de la figure d’attachement ou par le rejet répété des signaux et comportements de l’enfant, en particulier dans les situations de Patterns d’attachement16Selon Bowlby 1969/1982, le développement favorable de l’attachement étant important pour la santé mentale, il devient impératif de distinguer un développement favorable d’un développement défavorable, et de connaître quelles conditions favorisent l’un ou l’autre. En se basant sur la perspective du développement de l’attachement, nous pouvons faire deux hypothèses pour atteindre ces objectifs 1 les différences relatives à la qualité des soins régulation par la figure d’attachement entraînent des différences dans la qualité de l’attachement régulation dyadique ; 2 les différences dans les patterns d’attachement vont influencer l’autorégulation émotionelle de l’individu. Dans cette section, nous chercherons à analyser particulièrement la contribution de Mary Ainsworth. 17Mary Ainsworth a beaucoup contribué à l’apport des études de l’attachement, notamment en trois domaines a le concept de base de sécurité ; b l’importance du rôle de la figure d’attachement ; et c la notion de sensibilité maternelle [9] aux besoins et aux signaux du bébé. 18La notion de base de sécurité désigne le fait pour la figure d’attachement de représenter un support à partir duquel le bébé peut explorer le monde avec confiance. La perception intérieure d’une relation sécure avec la figure d’attachement fonctionne comme un ancrage qui permet au bébé d’activer son système d’exploration. Dans cette ligne d’idée, la sécurité dans l’attachement est définie comme un état de confiance quant à la disponibilité de la figure d’attachement Ainsworth, et al., 1978. D’après Soares 2002, l’investigation d’Ainsworth et al. a mis en évidence que le modèle de sécurité fournie par la figure d’attachement dans un contexte relationnel se transforme en confiance dans la relation du self » avec la figure d’attachement et, postérieurement, en confiance dans le self ». C’est dans ce sens que l’auteur conçoit l’espace relationnel comme organisateur de l’attachement. 19Cette hypothèse appelle une évaluation validée des patterns d’attachement, laquelle a été opérationnalisée au travers du procédé de laboratoire connu sous le nom de Situation Etrange. 20Mary Ainsworth et ses collaborateurs ont développé ce type de procédé sur la base d’une recherche de terrain en Ouganda Ainsworth, et al., 1973, 1978 et d’observations réalisées dans le contexte familier au long de la première année de vie aux Etats-Unis Ainsworth, et al., 1978. Suite à cette étude longitudinale et aux observations à domicile, les mères et les bébés ont été observés en laboratoire avec le paradigme expérimental de la Situation Etrange, conçu pour évaluer l’organisation de l’attachement et le comportement exploratoire dans un contexte non familier et générateur d’un niveau modéré de stress. La Situation consiste en une série de huit épisodes, qui incluent des séparations et des réunions entre l’enfant et sa figure d’attachement, ainsi que l’introduction d’un adulte étranger dans la pièce d’observation. 21L’évaluation de la qualité des relations d’attachement se base sur la fréquence et la durée des comportements interactifs entre l’enfant et la figure d’attachement pendant les épisodes de réunion, après une brève séparation recherche de proximité, maintien du contact, résistance au contact. Les enfants sont classés dans une de ces quatre catégories groupe A attachement insécure évitant ; groupe B attachement sécure ; groupe C attachement insécure ambivalent ou résistant Ainsworth, et al., 1978 ; ou groupe D attachement désorganisé/désorienté Main et Solomon, 1990. La validité et la fiabilité de ce procédé ont été démontrées pour les enfants d’âges compris entre 12 et 18 mois ; la fiabilité et la fidélité de la cotation exigent une formation et de l’entraînement Carlson et Sroufe, 1993 [10]. 22Dans la Situation Etrange, un attachement sécure se reflète par l’utilisation active et la confiance de l’enfant envers la figure d’attachement pour réguler ses émotions Sroufe et Waters, 1977. Ces enfants se laissent facilement aller à l’exploration quand ils sont en présence de cette figure d’attachement et ne se méfient pas excessivement de l’adulte étranger. Quand ils sont menacés ou angoissés par la séparation, ils signalent leur besoin directement, cherchant activement la proximité et le contact avec la figure d’attachement, qui apparaît pour eux presque immédiatement tranquillisante. Les émotions négatives angoisse ou colère, exprimées durant la séparation ou pour communiquer ses besoins au caregiver, n’interfèrent pas avec l’exploration renouvelée et le partage d’émotions positives avec la figure d’attachement. 23Les enfants avec une relation d’attachement insécure évitant paraissent se confronter à l’augmentation de l’activation physiologique induite en situation de laboratoire par la mise en jeu d’un contrôle excessif de l’émotivité Main, 1981. Ils se lancent dans l’exploration, en interagissant affectivement très peu avec la figure d’attachement, en ne partageant pas l’enthousiasme pour un jouet ou pour un succès, et en faisant preuve d’une discrimination minime dans le traitement de la figure d’attachement et de la figure étrangère. Plus notable encore est le fait que ces bébés n’initient pas activement l’interaction ou la recherche de contact avec la figure d’attachement après la séparation, et que les émotions négatives la colère par exemple sont exprimées indirectement au travers de l’évitement et de l’absence de réponse. Vu la forte tendance, à base évolutionniste, des bébés humains à rechercher le contact quand ils souffrent, l’échec à le faire reflète une distorsion majeure de la régulation émotionnelle et compromet la capacité du bébé à retourner à une exploration active de qualité Ainsworth, et al., 1978. 24L’attachement insécure ambivalent ou résistant se caractérise par une inefficacité à obtenir la sécurité de la part de la figure d’attachement, malgré des efforts répétés pour la solliciter. Les bébés avec des histoires d’attachement résistant peuvent se sentir méfiants face à l’étranger et montrer une exploration pauvre, en pleurant fréquemment ou en cherchant le contact avec la figure d’attachement même avant la séparation. La simple présence du caregiver ne paraît pas les tranquilliser. Les séparations sont extrêmement stressantes et les bébés peuvent confondre la recherche de contact avec l’agressivité, la tension corporelle et les pleurs persistants lors de la réunion avec la figure d’attachement. L’anxiété et la colère exprimées interfèrent avec les tentatives du bébé pour obtenir du réconfort grâce à la proximité, et les empêchent d’explorer leur environnement. Le manque de confiance vis-à -vis de la figure d’attachement est évident. 25Le groupe de bébés avec un attachement désorganisé/désorienté, un pattern plus récemment découvert, met en évidence une série de réponses comportementales indirectes ou mal dirigées, dans le contexte de la Situation Etrange. 26Main et Salomon 1990 ont été les pionniers de l’identification des signaux de désorganisation de l’attachement chez les bébés de 12-18 mois, observés en présence de la figure d’attachement a manifestation séquentielle et/ou contradictoire de comportements ; b mouvements et expressions non dirigés, incomplets ou interrompus ; c stéréotypies, mouvements asymétriques et postures anormales ; d mouvements et expressions de stupéfaction, immobilisation et lenteur ; et e expressions d’appréhension et de peur relativement à la figure d’attachement [11]. 27La désorganisation de l’attachement a été associée à des comportements parentaux très perturbés et terrifiants frightened/frightening pour les enfants qui vivent une situation de stress. Dans ces conditions, la figure parentale peut générer la peur et l’appréhension, en mettant l’enfant dans une situation de conflit insoluble, puisque la source d’apaisement est aussi la source de la peur, et que l’enfant ne peut simultanément rechercher et fuir sa figure d’attachement [12] Main et Hesse, 1990. 28L’évaluation en âge préscolaire se doit de porter une attention particulière aux nouveaux défis de développement 1 le système d’attachement n’est pas, maintenant, aussi facilement activé ; 2 le répertoire comportemental exhibé par les enfants est plus riche ; et 3 ses capacités linguistiques et représentationnelles pour une possible évaluation au travers du discours sont encore primitives et très variées. Les évaluations disponibles incluent le Marvin et Cassidy Attachment Classification System Cassidy et Marvin, 1992, le Preschool Assessment of Attachment Crittenden, 1994, et le Main and Cassidy Classification System Main et Cassidy, 1988. 29Les études transculturelles plaident en faveur de l’universalité de l’attachement Bowlby, 1969/1982 et de la présence des principaux patterns d’attachement dans l’enfance dans diverses cultures et contextes sociaux Van Ijzendoorn et Sagi, 1999. Dans les différentes cultures, et indépendamment du style de caregiving p. ex. famille nucléaire ou réseau de prestation de soins, sauf en cas d’extrême détérioration neurologique ou de grave privation de soins, les bébés ont tendance à organiser leurs comportements d’attachement autour de prestations de soins spécifiques [13]. 30Les trois patterns de base de l’attachement attachement sécure, évitant et résistant ont été observés au sein de cultures occidentales et non occidentales, en Afrique, en Chine, en Israël, au Japon, en Europe Angleterre, Allemagne, Suède, Espagne, Portugal [14] ainsi qu’en Amérique du Nord et en Amérique du Sud Canada et Etats-Unis, Mexique et Colombie. Dans ces cultures, la majorité des enfants présentent des relations d’attachement sécure. Des variations culturelles spécifiques ont encore été observées pour les distributions insécures et leurs sous-groupes. Ayant pour base d’investigation l’AQS Vaughn et Waters, 1990, les experts et les mères paraissent conceptualiser et évaluer la sécurité de l’attachement d’une façon semblable dans diverses cultures Colombie, Allemagne, Israël, Japon et Etats-Unis Posada, Waters, Crowell, et al., 1995.Qualité des relations d’attachement31Selon la théorie de l’attachement, la nécessité de contact humain, de tranquillisation et de réconfort face aux maladies, aux dommages physiques et aux menaces est une réponse normale tout au long du cycle de vie. Cette nécessité est particulièrement apparente dans les phases initiales du développement, quand la survie physique et émotionnelle dépend de la relation d’attachement. 32L’hypothèse de Bowlby, mentionnée antérieurement, qui avance que les différences dans le caregiving donnent lieu à des différences dans la qualité de l’attachement, a reçu un support empirique. La réponse du caregiver pendant la première année de la vie se trouve associée à la qualité de la relation d’attachement évaluée autant dans un contexte familier qu’en laboratoire une réponse adaptée et efficace aux signaux du bébé est associée à un attachement sécure dans la Situation Etrange à 12 mois et à moins de comportements mal-adaptatifs p. ex. pleurs excessifs et exploration pauvre ; Ainsworth, et al., 1978. 33Au contraire, un soin moins sensible dans le contexte familier retard dans les réponses à la perturbation du bébé et comportements moins affectueux a été mis en relation avec un attachement insécure évalué en laboratoire Ainsworth, et al., 1978 ; Blehar, Lieberman, et Ainsworth, 1977. Le caregiving caractérisé par l’indisponibilité émotionnelle et le rejet chronique est en lien avec une relation insécure évitante Main, 1981. Les soins simultanément intrusifs et peu adaptés, peu congruents et peu fiables, ont été associés à un attachement insécure résistant. 34D’après les études d’Ainsworth et al. 1978, l’attachement sécure est relié aux comportements maternels suivants a contact physique fréquent et soutenu entre le bébé et sa mère, spécialement pendant les six premiers mois, capacité maternelle à calmer son bébé, en le prenant dans ses bras ; b sensibilité maternelle aux signaux du bébé, et, en particulier, capacité à gérer ses interventions en harmonie avec les rythmes du bébé ; c une ambiance contrôlée et prévisible, qui permet au bébé d’inférer les conséquences de ses propres actions ; d plaisir mutuel ressenti par la mère et le bébé. 35L’évitement est associé à quatre aspects principaux du comportement maternel a rejet chronique ; b rejet spécialement communiqué par des réactions au contact corporel proche ; c colère contenue ; et d ajustement généralement compulsif. Main 1977 a avancé l’hypothèse que le relatif manque d’expressivité émotionnelle, caractéristique des mères du groupe évitant, peut être attribué à un effort des mères pour contrôler leur colère. C’est le rejet implicite de la colère ressentie qui affecte le bébé, malgré la tentative maternelle de la contenir. On pense qu’un ajustement compulsif de ce type rend la mère moins consciente des signaux du bébé et, par conséquent, moins à même de répondre efficacement Ainsworth, et al., 1978. 36La relation entre sécurité dans l’attachement en laboratoire et sensibilité du caregiver en contexte familial a été amplement confirmée Grossmann, Grossmann, Spangler, et al., 1985 ; NICHD, 1997, spécialement par les investigateurs proches de la méthodologie utilisée par Ainsworth observations extensives, mesures adaptées et bébés d’âges comparables Pederson, Gleason, Moran, et Bento, 1998 ; Posada, Jacobs, Carbonell, et al., 1999. 37Des études récentes ont aussi confirmé le lien entre le pattern d’attachement désorganisé et une série de comportements parentaux effrayants ou confus Jacobitz, Hazen, et Riggs, 1997 ; Lyons-Ruth, Bronfman, et Parsons, 1999. La relation entre l’expérience de prestation de soins et la qualité de l’attachement est encore attestée par des études en situation de mauvais traitements. Les bébés et petits enfants objets de mauvais traitements ont une tendance significativement plus élevée à former des relations d’attachement insécure avec leurs figures d’attachement primaire évitant, résistant et désorganisé, bien plus que les bébés de familles au statut socio-économique bas Carlson, et al., 1989 ; Egeland et Sroufe, 1981 ; Carlson, 1998 ; Crittenden, 1988 ; Lyons-Ruth, Repacholi, McLeod, et al., 1991 ; Schneider-Rosen, Braunwald, Carlson, et Cichetti, 1985. La désorganisation de l’attachement des bébés a aussi été mise en relation avec des expérience parentales de pertes, de facteurs psychosociaux p. ex. dépression Lyons-Ruth, et al., 1991 ; Radke-Yarrow, Cummings, Kucznyski, et al., 1985, d’ambiance de soins associées à l’alcoolisme prénatal O’Connor, Sigman et Brill, 1987 et d’exposition aux drogues Rodning, Beckwith, et Howard, 1991. 38La contribution du tempérament du bébé à la sécurité de l’attachement a été amplement étudiée bien qu’aucune liaison directe n’ait été trouvée entre le tempérament initial du bébé et la qualité de l’attachement Vaughn et Bost, 1999, le tempérament est associé à certains aspects de l’attachement. La propension à la perturbation et à la réactivité au cortisol prédit l’intensité des pleurs durant les séparations dans la Situation Etrange à 9 mois Gunnar, Mangelsdorf, Larson, et Hertsgaard, 1989 ; Spangler, et Grossmann, 1993. Toutefois, ce niveau de perturbation ne prédit pas la qualité de l’organisation de l’attachement ou la facilité d’obtenir du réconfort dans la présence de la figure d’attachement – le grand marqueur de sécurité. 39Comme la sécurité vis-à -vis de la figure d’attachement est en relation avec l’histoire interactive de la dyade, le même enfant peut développer un attachement sécure avec un des parents et un attachement insécure avec l’autre Grossmann, Grossmann, Huber, et al., 1981 ; Main et Weston, 1981, ou passer d’un attachement insécure vers un attachement sécure avec le même parent quand surviennent des changements significatifs dans les circonstances de vie Egeland et Farber, 1984. 40Il est à souligner que certains bébés peuvent se montrer très difficiles et mettre en péril le système de caregiving. Toutefois, quand un soutien aux parents est donné de façon adéquate, les soins sensibles permettent de mieux affronter les difficultés de ces enfants Crokenberg, 1981 ; Susman-Stillman, Kalkowske, et Egeland, 1996. Le risque d’un attachement insécure semble provenir d’une combinaison spécifique des exigences élevées du bébé associées à des difficultés inhérentes au caregiver p. ex. propension du bébé à la perturbation associée à un type de soins exagérément rigides ; Gunnar, 2001 ; Mangeldorf, Gunnar, Kestenbaum, et al., 1990. 41Les changements dans le caregiving varient depuis des changements de routine p. ex. soins en crèches jusqu’aux changements très graves p. ex. multiples colocations en familles d’accueil temporaire et institutionnalisation, avec des conséquences très diverses. En général, les effets dépendent du moment, de la durée de la perturbation et de la mesure dans laquelle la disponibilité émotionnelle de la figure d’attachement est compromise. 42Les conséquences de la vie en crèche pour la sécurité de l’attachement ont aussi été étudiées en général, quand le séjour en crèche pendant la première année de la vie est à temps partiel, qu’il est stable et de qualité élevée, on ne met en évidence aucune conséquence négative Sroufe et Ward, 1984. Toutefois, les soins précoces en crèche à temps complet peuvent présenter des risques, étant donné que les résultats négatifs les plus évidents surviennent en la présence simultanée de soins de qualité réduite à la maison et hors de la maison Belsky, 1990 ; NICHD, 1997, 2007. La recherche a souligné l’importance de la qualité de soins hors du contexte familial pour le développement postérieur des enfants Anderson, 1992 ; Vandel et Corasaniti, 1990. 43Les perturbations plus graves de caregiving dans l’enfance incluent les hospitalisations, les séparations, les expériences d’adoptions et de familles d’accueil temporaires. Robertson et Robertson, en collaboration avec Bowlby, ont été les premiers à documenter les effets sur le bien-être de l’enfant des conséquences de la séparation enfant-figure d’attachement au cours des hospitalisations précoces Robertson, 1953 ; Robertson et Robertson, 1971. L’évidence de signaux de deuil chez les bébés protestation, désespoir et détachement après des séparations prolongées a alerté les professionnels de santé et généré des changements significatifs dans les pratiques et politiques pédiatriques de plusieurs pays. Malgré ces découvertes et les liens découverts entre expériences d’hospitalisation précoce et perturbations postérieures du comportement Douglas, 1975 ; Quinton et Rutter, 1976, peu d’études ont examiné l’impact de l’hospitalisation dans le développement des relations d’attachement. 44La sécurité dans la relation d’attachement en cas d’adoption a été associée au moment de la transition et à la qualité des soins. Les études réalisées dans ce contexte suggèrent que les bébés adoptés lors des premiers mois de la vie ont une probabilité élevée de développer des relations d’attachement sécures presque équivalentes aux bébés non adoptés Norhaus et Solnit, 1990 ; Singer, Brodzinsky, Ramsay, Steir, et Waters, 1990. En particulier, quand l’ambiance est chaleureuse, consistante et contingente vis-à -vis des besoins du bébé, l’attachement en situation d’adoption, lorsqu’il est construit tôt dans le processus de développement, diffère peu de celui qui est établi entre parents et leurs enfants biologiques Singer et al., 1985. Toutefois, les enfants adoptés à des âges plus tardifs ont une plus grande probabilité de présenter des difficultés d’ajustements socio-émotionnels et comportementaux Feigelman et Silverman, 1983 ; Tizard, 1977 ; Tizard et Hodges, 1978. Ces difficultés dans les adoptions tardives sont multi-déterminées et incluent les expériences antérieures à l’adoption et d’autres facteurs associés au moment de l’adoption expérience de l’enfant et compréhension de la séparation et de la perte. 45Actuellement, on a commencé à étudier les effets du caregiving en familles d’accueil temporaire sur le développement de l’organisation de l’attachement. Les découvertes initiales confirment les effets sévères des expériences précoces de mauvais traitements p. ex. abus et négligence émotionnelle et physique, séparation, perte et placements multiples Stovall et Dozier, 2000 ; Fisher, Gunnar, Chamberlain, et al., 2000. Les perturbations traumatiques dans le caregiving paraissent amener des distorsions dans les relations d’attachement et dans le développement de comportements mal-adaptatifs p. ex. sociabilité indiscriminée et terreur des étrangers et des perturbations dans la perception et l’interprétation des indices sociaux Stovall et Dozier, 2000. 46La grande importance de la communication affective entre les bébés et leurs parents est illustrée autant par des recherches classiques que par des recherches relatives aux effets de l’institutionnalisation dans le développement des enfants. Les études classiques de Spitz 1946 ont mis en évidence que le développement perceptif, moteur, cognitif et émotionnel du bébé survient au travers de l’interaction avec l’adulte, figure d’attachement primaire, et l’absence d’une relation avec un partenaire humain peut être le moteur d’une désintégration du développement. La privation, suivie d’une mise en famille d’accueil temporaire, a été associée à des problèmes émotionnels et comportementaux p. ex. comportements hétéro- et auto-agressifs, recherche d’attention, hyperactivité et troubles alimentaires. En accord avec les études initiales, les recherches récentes avec des enfants en institution Chisholm, 1998 ; Kaler et Freeman, 1994 ; Marcovitch, Goldberg, Gold, et al., 1997 ; O’Connor, Bredenkamp, Rutter, et al., 1999 ont révélé des difficultés relationnelles majeures dans leurs familles adoptives p. ex. agression, sociabilité indiscriminée, hyperactivité et problèmes avec les partenaires. Ces effets sont plus nets quand l’institutionnalisation perdure au-delà de la première année de vie, en comparaison avec ceux d’une institutionnalisation limitée à quelques mois Gunnar, 2001 ; O’Connor, et al., 1999.Attachement et psychopathologie47Les perturbations de la relation d’attachement ne sont pas considérées comme des perturbations propres à l’enfant, mais comme des marqueurs relationnels d’un processus pathologique, et comme un facteur de risque pour la survenue d’une pathologie subséquente Sroufe, Carlson, Levy, et Egeland, 1999 ; Sroufe, Duggal, Weinfield, et Carlson, 2000 [15]. 48Un attachement sécure ne garantit pas le bien-être, mais il augmente la résistance au stress et promeut la résilience Pianta, Egeland et Sroufe, 1990. Les patterns d’attachement insécure dans l’enfance sont des adaptations provisoires qui maximisent, dans la mesure du possible, le maintien de la proximité avec la figure d’attachement dans un contexte d’indisponibilité ou de disponibilité intermittente de cet adulte. Les enfants aux patterns insécures évitants maintiennent la proximité au caregiver en minimisant les signaux de stress et de négativité qui peuvent l’aliéner et susciter le rejet Main, 1981. Pour les enfants classés comme insécures ambivalents ou résistants, l’augmentation de l’intensité des signaux de stress maintient activement l’attention de figures d’attachement dont les réponses sont intermittentes. Même la désorganisation de l’attachement p. ex. stéréotypes, comportements simultanés d’approche/évitement peut permettre à l’enfant de maintenir la proximité dans un contexte de comportements parentaux effrayants et de conflit interne Main et Hesse, 1990. Ces patterns d’attachement mettent en jeu le développement à long terme, en limitant la capacité d’adaptation de l’enfant. Les individus avec des histoires insécures sont ainsi potentiellement plus susceptibles de former des relations affectives de non-support et facilement perturbées, et perdent ainsi des recours importants contre le stress et la psychopathologie. Pour les individus dont l’histoire personnelle est extrêmement sévère, chaotique et traumatique désorganisation de l’attachement, l’intégration d’expériences comportementales et émotionnelles est compromise, et les pensées et images intrusives ont tendance à intervenir de façon imprévisible et à générer des perturbations dans les relations d’attachement Carlson et Sroufe, 1995. 49Les modes dysfonctionnels de régulation précoce prédisposent les individus à des types spécifiques de comportements symptomatiques et de perturbations Bowlby, 1988 ; 1973/1979 ; 1979 ; 1980. Pour des individus avec des histoires d’attachement insécure de type évitant, le comportement symptomatique parait lié à une tentative de minimiser leurs comportements d’attachement et leurs sentiments dissimulation de l’expression émotionnelle, et croyances relatives à un soi vécu comme invulnérable, à l’idée que les autres sont hostiles et non dignes de confiance, à des relations idéalisées. L’aliénation, le manque d’empathie et l’hostilité peuvent prédisposer ces individus à des troubles de conduites et des styles de personnalité antisociale. 50Les individus aux histoires insécures résistantes, avec la baisse tolérance à la frustration, la tendance à exagérer les émotions et au maintien de croyances négatives relatives au self, peuvent être amenés, à long terme, à des sentiments de confusion face aux défis posés par l’exploration et à des difficultés accrues dans la gestion de l’anxiété Bowlby, 1973/1979 ; Kobak et Shaver, 1987. 51Les deux patterns insécures peuvent contribuer à augmenter la vulnérabilité face à la dépression aliénation et solitude ; passivité, désespoir et impotence et au développement de perturbations face à la séparation et à la perte – expériences qui ont tendance à confirmer les expectatives sur l’indisponibilité psychologique des figures d’attachement significatives Bowlby, 1980. Les individus avec un attachement désorganisé, caractérisé par une impossibilité de maintenir une stratégie d’attachement cohérente et par des postures ressemblant à des états de transe Main et Hesse, 1990, sont en risque majeur de psychopathologie de diverses natures, incluant des perturbations de type dissociatif Carlson, 1998 ; Lyons-Ruth, et al., 1991 ; Main et Morgan, 1996. 52Les données longitudinales études en grande section de l’école maternelle, à l’école élémentaire et à l’adolescence confirment les associations entre l’expérience relationnelle d’attachement et les indicateurs généraux de mauvaises adaptations. Les attachements insécures mettent les enfants à risque de développer des problèmes comportementaux, quand ils sont combinés avec des situations de vie stressantes décès d’un proche, divorce, changement de domicile de la famille,… et avec des variations familiales par exemple, naissances Erickson, Egeland, et Sroufe, 1985 ; Renken, Egeland, Marvinney et Sroufe, 1989. Cela est manifeste quand le caregiving et les facteurs contextuels négatifs sont permanents. Les changements de ces trajectoires attachementales ont été associés à des changements dans les circonstances contextuelles p. ex. soutien social. Des mesures composites de l’expérience précoce, incluant l’attachement, prédisent elles aussi la capacité d’adaptation des enfants en âge scolaire et des adolescents p. ex. classifications de santé émotionnelle attribuées par les professeurs; Sroufe, et al., 1999 ; Sroufe, Egeland, et Kreutzer, 1990. Dans le cas particulier de la désorganisation de l’attachement des enfants, cette expérience précoce prédit significativement la psychopathologie de l’adolescence, surtout si on considère l’existence de problèmes comportementaux au long de l’enfance et la qualité de la relation caregiver – enfant Carlson, 1998. 53Dans l’étude longitudinale du Minnesota, des associations spécifiques ont été trouvées entre l’expérience précoce d’attachement et le comportement antisocial, l’anxiété, la dépression et la symptomatologie dissociative Collins, 2005. Des histoires initiales d’attachement évitant ont pu être associées à l’agressivité dans la deuxième enfance Renken et al., 1989 et à l’agressivité et la délinquance dans l’adolescence, spécialement chez les garçons. Le rôle de l’histoire précoce se reflète aussi dans l’étude de deux types de comportement antisocial des adolescents Aguilar, Sroufe, Egeland, et al., 2000. Les sujets qui appartiennent à des groupes de pairs manifestant des comportements antisociaux à partir de l’enfance ou de l’adolescence, et persistant tout au long de la vie se distinguent par leur histoire socio-émotionnelle pendant leurs trois premières années de vie – monoparentalité, dépression maternelle, stress de vie, sensibilité maternelle réduite, type d’attachement insécure, mauvais traitements et peu de soutien maternel – mais pas par leur tempérament. L’attachement évitant, en combinaison avec d’autres événements de vie stressants et d’autres facteurs de risques, peut promouvoir le développement de comportements anti-sociaux Greenberg, Speltz, DeKlyen, et al., 1991. 54La perturbation face à la séparation peut cependant rester adaptative, dans un contexte de soins sensibles signalisation rapide du bébé et comportement de recherche et de proximité ; cependant, dans une ambiance de soins inconsistants, la vigilance chronique et l’anxiété peuvent contribuer à établir un mode de réponse qui se généralisera à de multiples sources de peurs et au développement d’un trouble anxieux. 55Les données longitudinales de l’étude du Minnesota ont encore déterminé que les facteurs psychosociaux précoces contribuent au développement de la symptomatologie dépressive, autant à l’enfance qu’à l’adolescence Duggal, Carlson, Sroufe, et al., 2001. Le manque de soutien émotionnel envers l’enfant et son lien avec la dépression ont apporté une immense contribution à la compréhension de la dépression dans l’adolescence. A partir de la variable composite petite enfance, l’attachement insécure prédit significativement la symptomatologie à l’adolescence, même en contrôlant tous les autres facteurs. Ces découvertes indiquent que les expériences de dérégulation émotionnelle dans la petite enfance peuvent avoir un effet durable sur l’expérience dépressive adolescente, étant donné que celle-ci se trouve associée au même phénomène chez l’adulte. 56L’attachement désorganisé et les antécédents de trauma ont été liés sur le plan théorique à l’apparition de symptômes de type dissociatifs, autant à l’enfance qu’à l’adolescence Main et Hesse, 1990 ; Putnam, 1994 ; Liotti, 1992 ; 2005. En réponse à un conflit précoce ou à une menace, les bébés ayant une histoire de désorganisation excluent certains aspects de l’expérience affective, empêchant le développement cohérent d’une organisation du self et des autres dans la relation. Dans une situation de trauma, ces enfants ont tendance à répondre par des modèles de déconnexion de stimuli préalablement établis, ce qui est un élément perturbateur pour un traitement cognitif et émotionnel normal Liotti, 1992. Les données longitudinales confirment les relations entre désorganisation et attachement, trauma et symptomatologie dissociative Carlson, 1998 ; Collins, 2005 ; Ogawa, Sroufe, Weinfield, et al., 1997. L’attachement désorganisé a été associé à la dissociation dans l’enfance et adolescence, avec des évaluations cliniques à 17 ans et demi Kiddie Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia et des auto-questionnaires à 19 ans Dissociative Experiences Scale. Le traumatisme, à chacun de ces âges, a été mis en rapport avec la dissociation actuelle et avec la symptomatologie de la prochaine période, spécialement dans les cas de trauma chronique. Ces données suggèrent que la chronicité du traumatisme peut augmenter la probabilité de dissociation. De plus, certains individus peuvent être spécialement vulnérables à des modèles dissociatifs face au trauma parce que les comportements proto-dissociatifs précoces peuvent avoir été établis parmi des relations de soins. 57Il est toutefois indispensable de souligner qu’en général, les études longitudinales indiquent que la majorité des différences d’attachement chez les bébés ne sont pas pathologiques. Au contraire, les variations dans les patterns d’attachement représentent des conditions initiales qui accomplissent un rôle dynamique dans le développement de la pathologie et de la résilience. Les effets durables des expériences précoces peuvent dériver de la forme – de l’ambiance qui appuie ces tendances et expectatives initiales –, et de l’impact de l’expérience précoce dans la régulation neurophysiologique et affective de base. Autant la théorie que l’investigation démontre que le changement, bien que plus facile dans le jeune âge, reste possible au long du développement. 58Dans cette ligne d’idée, la sécurité dans l’attachement ne signifie pas l’immunité face aux souffrances psychologiques, mais peut aider au développement de compétences qui les minimisent ou qui aident à les vaincre. S’il existe une histoire de vie dans laquelle l’individu a eu des occasions d’interagir avec des figures d’attachement qui ont fonctionné comme havre de sécurité et base de sécurité et, à travers elles, de ressentir le self » comme compétent et méritant l’attention et le soutien des autres, en situations d’adversité le recours à des relations d’aide sera plus facile. 59Bretherton 1990 suggère que la capacité de l’individu pour discuter, de manière ouverte et cohérente, des questions d’attachement, dépend de l’adaptation de ses modèles internes dynamiques du self et des autres dans les relations d’attachement. La façon de répondre des parents aux communications de leur enfant peut modifier leurs modèles d’interaction et les modèles internes opérants des deux partenaires Tereno, 2004. L’absence d’une communication ouverte entre les partenaires peut être associée à une restriction cognitive de la fluidité de l’information sur l’attachement. Ceci s’applique, non seulement entre les deux sujets, mais aussi dans le système représentationnel de chacun, car le matériel défensivement exclu ne peut pas participer aux processus de correction d’erreurs par feedback du système mnésique de l’individu Bretherton, 1990 ; Jang, Smith, et Levine, 2002 ; Dallos, 2004. 60On sait encore qu’une histoire de vie marquée par la confiance dans les relations la communication directe des émotions, la flexibilité et l’ouverture dans l’interprétation de l’information, et la capacité de réfléchir aux états du self » et des autres pourra constituer, en situation difficile, une base de sécurité pour un travail psychologique réussi, ainsi que pour la bonne résolution des expériences de perte ou de trauma. L’investigation empirique a mis en évidence que, dans le processus psychothérapique, les familles avec une organisation sécure font preuve d’une plus grande capacité d’ouverture et sont perçues par les thérapeutes comme plus coopérantes dans les tâches et les objectifs de la thérapie, comparées à d’autres familles avec une organisation insécure. De plus, l’organisation de l’attachement sécure paraît être associée à des résultats plus favorables en psychothérapie Dollan, Arnhoff, et Glass, 1993 ; Dozier, 1990 ; Dozier, Cue, et Barnett, 1994 ; Korfmacher, Adam, Ogawa, et Egeland, 1997 ; Lieberman, Weston, et Pawl, 1991.Implications cliniques61La théorie et l’investigation de l’attachement fournissent une structure utile à l’intervention clinique, ainsi qu’un guide des pratiques cliniques et des soins parentaux généraux Berger, 1994. La pratique pédiatrique accompagne de nombreuses dimensions du développement de l’enfance précoce et de la dynamique relationnelle parent-enfant. Fréquemment, les pédiatres sont les premiers à observer et à comprendre les perturbations des enfants, chez le parent ou dans la relation dyadique. Toutefois, malgré l’attention prêtée aux perturbations d’interaction caregiver-enfant, il est difficile de diagnostiquer les difficultés d’attachement spécifiques lors de consultations cliniques de brève durée. Les comportements qui peuvent être critiques s’ils sont chroniques, peuvent être complètement appropriés face à une menace ou à des situations spécifiques. Au-delà , il est clair que toutes les difficultés relationnelles parent-enfant n’impliquent pas la présence d’une perturbation de l’attachement Sameroff et Emde, 1989. 62Pour identifier les forces et les vulnérabilités relationnelles et pour une bonne gestion clinique du cas, des évaluations sont nécessaires, qui incluent l’histoire psychosociale, des observations comportementales directes, un entretien avec les parents et, quand cela est approprié, le recueil d’auto-questionnaires de l’enfant. Cette investigation devra intégrer l’exploration de questions importantes comme les expériences de séparations, de perte, d’abus, et des signaux de comportements parentaux inadaptés ou atypiques. Les marqueurs observationnels peuvent inclure l’absence ou la distorsion du comportement de base de sécurité présence de monitorage visuel ou physique, mais peu fréquent, incapacité de s’engager dans l’exploration extrême inhibition, peur ou dépendance, perturbation extrême ou absence de perturbation lors d’une séparation avec le caregiver, agressivité extrême ou difficulté à établir des interactions avec le caregiver, contrastant avec le comportement de familiarité excessive avec les étrangers. 63De même que les difficultés relationnelles varient entre des perturbations temporaires et celles qui sont à risque élevé pour le développement futur de perturbations graves, les options d’intervention peuvent varier du soutien relationnel à l’intervention psychothérapique dyadique intensive Lojkasek, Cohen, et Muir, 1994. Le traitement des perturbations graves associées à l’attachement est complexe. Pour les enfants qui ne montrent pas de préférence à l’égard d’une figure d’attachement, le plus important dans l’intervention est le fait de promouvoir un contexte relationnel où l’enfant ait, à la fois, la disponibilité et la sensibilité des parents – un contexte dans lequel l’attachement peut se développer Robinson, 2002. Pour les enfants qui ont subi une privation relationnelle précoce, des séparations multiples ou durables, ou des traumas précoces, le processus d’intervention est généralement long et le changement peut être irrégulier, posant ainsi des défis de taille aux parents. L’évolution de l’attachement et de la régulation de l’émotion, particulièrement après l’enfance, n’est pas nécessairement parallèle au développement attendu. Par exemple, les comportements d’attachement peuvent s’exprimer sous forme d’une perturbation excessive dans la séparation ou inconsolable lors des rencontres, de crises de colère ou de rage face à la moindre frustration, ou de comportements d’attachement très intenses et exigeants. Tandis que la relation d’attachement s’établit, les comportements mal adaptés par exemple, sociabilité indiscriminée et comportements à risque peuvent persister. Les stratégies d’interventions intégratives dirigées vers les questions de développement multiple et vers l’éducation et le soutien parental sont donc fondamentales. 64Pour les enfants et les parents dont les relations sont déjà établies, les variations au sein du modèle thérapeutique peuvent représenter des différences dans les portes d’accès directs et indirects au système dyadique comportement de l’enfant ; représentation et comportements parentaux ; interaction enfant-caregiver ; soutien à la relation Stern, 1995. Ces variations de techniques psychothérapeutiques enfant-parent ne sauraient être évaluées précisément en termes de résultats. Des effets différentiels, spécialement en ce qui concerne les différentes sous-populations, dérivent de la nature du cadre thérapeutique et de la relation avec le thérapeute. Les aspects importants du traitement, communs aux différentes approches, incluent l’aspect séquentiel comme la méthode Touchpoints » de Brazelton, 1992 qui caractérise le développement rapide de l’organisme de l’enfant et du système familial, l’importance d’une relation positive dans la thérapie, et une emphase sur les forces relationnelles et sur l’expérience émotionnelle. D’une façon générale, la revue de la littérature indique qu’il n’existe pas de solutions rapides pour les perturbations relationnelles parent-enfant. Les stratégies d’intervention sont importantes, incluant les protocoles déjà établis, qui enseignent les pratiques de parentalité, via la construction de relations de travail et de partenariat avec les parents basées sur la sensibilité et l’empathie Robinson, 2002. 65En général, la recherche sur l’intervention indique que, spécialement chez les populations à risque élevé, l’intervention doit commencer tôt, inclure directement les parents, se rapporter aux aspects émotionnels de la relation de soins et, plus important encore, garantir une ambiance thérapeutique sécure et soutenante Robinson, 2002 ; Egeland, Weinfield, Bosquet, et al., 2000. 66Le travail clinique est naturellement riche en transmission générationnelle ; les histoires que nous étudions émergent de scénarios interpersonnels qui s’étendent tout au long du développement des protagonistes. Ce travail nous amène à croire à la capacité de transformation personnelle et interpersonnelle les histoires de vie marquées par l’adversité ne produisent pas toujours d’autres histoires négatives. Le cycle peut se rompre même sans connaître en profondeur les mécanismes de transmission et de changement, nous savons que le changement vers la sécurité peut survenir grâce à l’engagement dans une relation émotionnellement investie et féconde. La psychothérapie peut être une opportunité pour explorer de nouveaux parcours et pour construire de nouveaux sens à l’existence personnelle et familiale Soares, 2002. 67Au-delà du fait de donner des lignes directives à la psychothérapie, la théorie et l’évaluation de l’attachement ont constitué la base de modèles psychothérapeutiques. Dans ce contexte, on peut distinguer le modèle constructiviste de développement de Guidano 1987, 1991 et le modèle cognitiviste évolutionniste de Liotti 2000. Dans le contexte psychanalytique, quelques auteurs ont cherché à systématiser les applications à la psychothérapie de la théorie et de l’investigation de l’attachement, tels Holmes 2001, Fonagy 2001 et Slade 1999. On distingue encore les contributions de Byng-Hall 1999 ; 2001 dans une perspective systémique, les applications en thérapie conjugale proposée par Clulow 2001 et l’approche psychothérapeutique parents-enfant, proposée par Lieberman, Weston et Pawl 1991, toutes particulièrement importantes pour la thématique pédiatrique. Reflétant l’intérêt croissant pour les applications cliniques, un numéro du magazine Attachment and Human Development a été précisément consacré à cette problématique dans le contexte des institutions de santé mentale cf. Schuengel et van IJzendoorn, 2001.Conclusion68Une des tâches primordiales de l’enfance est la formation de relations d’attachement envers les figures significatives prodiguant les soins. La théorie et les études empiriques de l’attachement indiquent que les variations dans la qualité des soins donnent lieu à différents patterns comportementaux et de régulation émotionnelle chez l’enfant, et à des attentes qui ont des effets dans le fonctionnement individuel à long terme. Ces prémisses centrales de la théorie de l’attachement nous rappellent la nécessité humaine du contact physique et de la garantie émotionnelle dans l’enfance. Si l’on considère l’universalité de ce besoin et ses implications pour la survie, il n’est pas surprenant que les enfants s’attachent à ceux qui les soignent. Toutefois, comme les différences individuelles observées dans l’attachement sont décrites par des variations de modélisation du comportement, les modèles de description quantitative communément utilisés comme attaché, pas attaché, très ou peu attaché ont peu de sens, n’étant pas utiles pour expliquer les relations précoces. 69Les relations d’attachement se développent par phases à partir des relations non discriminantes figures d’attachement interchangeables, à l’organisation de l’attachement autour d’une personne préférée caregiver qui répond avec le plus de fréquence aux nécessités du bébé, à l’organisation comportementale autour d’une hiérarchie de figures d’attachement. La théorie et l’investigation de l’attachement indiquent qu’il n’existe pas de période critique unique après la naissance ou à un âge précoce qui consolide la relation figure d’attachement–enfant [16]. Le contact peau à peau ou psychologique de la mère avec l’enfant après la naissance n’est pas un prérequis pour l’attachement, bien qu’il marque le début de certains processus parentaux importants. Les attachements des bébés aux figures d’attachement primaires, ainsi que les liens de ces derniers aux premiers, se construisent au fil du temps au travers de multiples interactions. C’est une disponibilité physique et émotionnelle consistante qui s’avère critique pour le développement d’attachement sécure pour les bébés et qui fonde le fonctionnement adaptatif. 70Les relations d’attachement sont spécifiques à chaque personne. Les bébés construisent des patterns de relations d’attachement différents avec des donneurs de soins distincts, et la qualité de chaque relation dépend de la qualité de l’interaction et du soin. L’investigation des effets d’une ambiance construite par de multiples caregivers souligne l’importance du temps individualisé pour chaque dyade parent-enfant [17], ainsi que le support social et émotionnel fourni à la relation. Ce soutien socio-émotionnel a un impact sur les relations d’attachement à divers niveaux a il facilite l’expression de la sensibilité des parents, sans les surcharger ; b il fournit des relations alternatives aux enfants à risque ; c il modère les effets du tempérament des enfants difficiles ; et d il assiste les relations caractérisées par des besoins atypiques tels qu’enfants handicapés ou avec des retards de développement. 71Contrairement aux croyances populaires, la réponse aux pleurs d’un bébé de moins de douze mois n’augmente pas sa dépendance à l’égard des adultes. En effet, les bébés auxquels, dans les premiers trois mois, on répond toujours et aisément, pleurent moins à la fin de la première année Ainsworth et Bell, 1974. Les réponses sensibles et consistantes aux signaux de l’enfant leur donnent le retour de leur comportement de signalisation, inculquant au bébé un ensemble d’attentes en rapport à leurs compétences et à leur valeur propre. De la même manière, un soin consistant et une réponse empathique permettent le développement de l’empathie chez l’enfant. Ils apprennent les modèles de relation soigner/ être soigné et la régulation des émotions au travers des expériences qu’ils vivent Sroufe, 1983. 72Les variations de la qualité de l’attachement sont des conditions initiales qui, dans un contexte où les facteurs biologiques et environnementaux viennent s’additionner, jouent un rôle dynamique dans le développement du fonctionnement socio-émotionnel de l’individu. Les enfants ne sont pas invulnérables, bien qu’ils ne restent pas déterminés à jamais par des patterns relationnels précoces. 73L’évaluation de l’attachement nous éclaire sur les effets chez les enfants d’expériences précoces associées aux soins quotidiens hors de la maison p. ex. crèche, séparation p. ex. hospitalisation et de perturbations significatives de prestation de soins p. ex. adoption et familles d’accueil. D’un côté, il se vérifie que des soins en crèche sont moins nocifs s’ils sont à temps partiel et de bonne qualité peu d’enfants pour un même éducateur, continuité des figures au fil du temps et besoins physiques et émotionnels sécures; Sroufe et Ward, 1984. Par contre, les soins hors de la maison à plein temps et inadaptés, particulièrement s’ils débutent durant la première année de vie du bébé, quand ils se combinent avec une insensibilité parentale, peuvent fragiliser les bébés et engendrer des difficultés de développement en particulier l’agressivité ; Belsky, 1990 ; NICHD, 1997 ; 2007. 74De plus, la théorie et l’évaluation de l’attachement mettent en cause les pratiques de séparation parent-enfant quand l’enfant est malade ou au cours de procédures médicales douloureuses. La présence d’un soutien de la part des figures relationnelles significatives permet aux petits enfants de combattre et de mieux récupérer du trauma et du stress. 75Les perturbations significatives dans la qualité des soins sont importantes au niveau biologique, comportemental et représentationnel, même pour les petits bébés. Le moment, la qualité du soin, le nombre d’expériences préalables et les relations de soutien, sont des variables critiques pour la détermination des effets de ces perturbations. Cependant, l’intervention ou le soutien ne se montrent jamais inutiles et ne sont jamais trop tardifs. 76Reçu en septembre 2006, accepté en février 2007RemerciementsL’élaboration de cet article a bénéficié de l’aide du laboratoire Neofarmacêutica, auteurs portugais remercient le Pr Elizabeth Carlson pour avoir aimablement mis à disposition une partie de sa réflexion autour du thème de cet article, lequel a été actualisé, adapté et développé en fonction de la culture médicale portugaise et version française de ce manuscrit a été révisée par le Dr Fabienne Perdereau et par le Pr Antoine Guedeney auxquels nous exprimons notre profonde gratitude. Notes [1] [2] Boursière de Doctorat par la Fondation pour la Science et la Technologie, Portugal. [3] Faculté de Médicine, Université de Lisboa, Portugal. [4] Institute of Child Development, Université du Minnesota, USA. [5] L’attachement est un type spécifique de lien appartenant à un ensemble plus vaste de liens que Bowlby et Ainsworth ont désignés par le terme de liens affectifs ». D’après Ainsworth 1985, le concept d’attachement peut être défini par un ensemble de critères, à savoir a il est persistant et non transitoire ; b il concerne une figure spécifique et reflète le besoin de proximité d’un individu envers un autre ; c il traite d’une relation émotionnellement significative ; d l’individu désire maintenir la proximité ou le contact avec cette figure, encore que cela puisse varier en fonction de divers facteurs, comme l’âge, l’état de l’individu ou les conditions du milieu ; e l’individu sent une certaine perturbation face à une situation de séparation involontaire et surtout quand il désire cette proximité et que celà n’est pas possible ; f l’individu recherche de sécurité et de réconfort dans la relation avec cette personne. Ce dernier critère est déterminant pour la distinction entre liens parentaux » et attachement des enfants aux parents » Cassidy, 1999. [6] D’après Soares 1996, l’utilisation, par l’enfant, de la figure d’attachement comme havre de sécurité » n’implique pas l’expérience de peur ou de menace chez l’enfant, alors que rechercher la mère ou rester auprès d’elle comme dans un refuge », signifie que l’enfant est au moins un peu alarmé. Si, après avoir trouvé ce refuge, l’enfant parvient à se sentir rassuré, à même de retourner à l’exploration, alors la figure d’attachement devient une base de sécurité ». [7] Expliquant de façon conceptuelle le système d’attachement comme séparé du système d’exploration, Bowlby considérait toutefois leurs fonctionnements comme étant interdépendants. La qualité de l’exploration a été définie pour la première fois par Main, en 1973, comme associée à une plus longue durée des périodes de concentration de l’enfant pendant les situations de jeu avec de nouveaux jouets. Cette capacité de concentration pendant l’exploration parait dépendre a de la capacité d’organiser les émotions et les comportements de façon intéressée et soigneuse comme réponse aux évènements curieux », et b de la confiance dans la disponibilité et dans l’aide prodiguée par la figure d’attachement, si l’enfant en a besoin Grossman, Grossman, et Zimmerman, 1999. [8] Une autre caractéristique importante de cette phase concerne la capacité progressive qu’a l’enfant d’accepter la séparation plus prolongée d’avec la figure d’attachement. Son sentiment de sécurité paraît intimement lié à l’accessibilité des parents, bien que cela permette paradoxalement une plus grande capacité à tolérer leur distance Parkers et Stevenson-Hinde, 1982. Ce changement n’implique pas l’atténuation de l’attachement mais amène des modifications des facteurs qui activent le système d’attachement Marvin, 1977. A mesure que le modèle représentationnel de la figure d’attachement s’élabore au décours de l’expérience et se consolide, l’enfant devient capable de tolérer des suspensions dans la présence effective de cette figure, pour des périodes progressivement plus longues, sans souffrance significative. Ainsi, les séparations sont de mieux en mieux acceptées et leurs raisons sont comprises Ainsworth et al., 1978. [9] On peut définir la sensibilité maternelle comme la capacité de la figure maternelle de prodiguer des soins inducteurs du sentiment de sécurité, cest-à -dire des soins sensibles et adéquats. Elle s’associe à sa capacité de comprendre les caractéristiques individuelles du bébé, acceptant ses traductions comportementales. Il s’agit alors d’être capable d’orchestrer des interactions harmonieuses, surtout lors des moments de stress, et ce, de manière relativement consistante Belsky, 1999. [10] L’ attachement Q-Sort » AQS, développé par Waters et Deane 1985 fournit une alternative à l’évaluation en laboratoire. L’AQS consiste en 90 items conçus pour discerner une série de dimensions qui reflètent le phénomène de base de sécurité chez des enfants d’âges compris entre 12 et 60 mois dans un contexte naturel Waters, 1995. La classification peut être réalisée par des observateurs entraînés ou par les caregivers. Cette mesure comporte un indice de sécurité, la corrélation entre les classifications de l’observateur et les classifications critères. La fidélité intercoteurs est ajustée, puisqu’il a été vérifié que l’AQS est conforme à l’évaluation de la sécurité des bébés en Situation Etrange âgés de 12 à 18 mois. Cependant, les validations des classifications pour distinguer les sous-groupes d’insécure évitant, d’insécure résistant, et désorganisé/désorienté ne sont pas disponibles. [11] Certains de ces comportements pourront être observés chez les enfants ayant des perturbations neurologiques, ou avec des signes d’autisme. La distinction avec l’attachement désorganisé exige des précautions méthodologiques spécifiques Barnett, Hunt, Butler, Ms Caskill, Kaplan-Estrin, et Pipp-Siegel, 1999. [12] Pour Main, le comportement parental effrayant/menaçant p. ex. l’abus physique n’est pas seul à avoir des conséquences, mais aussi le comportement effrayé/menacé battering parents are, of course, directly frightening. There is now reason to believe, however, that frightened parental behaviour may also alarm an infant and leave him without a strategy Main, 1990. This outcome seems especially likely if the parent withdraws from the infant as though the infant were the source of the alarm and/or appears to be in a dissociated or trancelike state » Main, 1995, p. 426-427. [13] Les études de l’attachement de bébés et d’enfants avec des beoins spéciaux soutiennent aussi cette perspective qui conçoit l’attachement comme une adaptation d’origine biologique et comme un modèle de régulation dyadique, construit au fil du temps au travers de processus interactifs enfant-caregiver. Plus spécifiquement ces études ont démontré que Des niveaux légèrement plus élevés d’insécurité dans l’attachement ont été observés dans les populations d’enfants avec des perturbations neurologiques Barnett, Hunt, Butler, McCaskill, Kaplan-Estrin, et Pipp-Siegel, 1999. Nonobstant, les valeurs élevées de désorganisation trouvées dans ce type de population peuvent être liées à des questions de mesure p. ex. ressemblances entre les symptômes neurologiques et les marqueurs de désorganisation ; Pipp-Siegel, Siegel, et Dean, 1999 et pas tellement avec la qualité de la relation d’attachement avec le caregiver Barnett et al., 1999.Les bébés et petits enfants porteurs de syndrome de Down trisomie 21 atteignent les mêmes stades de développement que les enfants sains, mais à un rythme plus lent – la consolidation de la relation d’attachement se fait entre les 12 et les 24 mois Cicchetti et Beeghly, 1990 ; Thompson, Cicchetti, Lamb, et al., 1985.En ce qui concerne les enfants autistes, les études montrent qu’ils sont capables de former des relations d’attachement avec le caregiver Capps, Sigman, et Mundy, 1994 ; Rogers, Ozonoff, et Maslin-Cole, 1993 ; Shapiro, Sherman, Calamari, et al., 1987 ; Patone, et Rogers, 1984 ; Sigman, et Ungerer, 1984 et qu’environ 50% des bébés autistes présentent des attachements sécures Capps, Sigman, et Mundy, 1994 ; Shapiro, et al., 1987.Les études qui comparent des bébés modérément prématurés et des bébés à terme ont révélé qu’il n’existe pas de différences dans la sécurité des relations d’attachement Rode, Chang, Niau, et al., 1981. Les exigences particulières des bébés prématurés peuvent être médiatisées par la réponse du caregiver, résultant dans le développement des patterns régulateurs adaptatifs de la dyade et donner lieu à des relations d’attachement de qualité Cox, Hopkins, et Hans, 2000.Les diagnostics de Retard de Croissance Failure to thrieve ont été associés à des niveaux élevés d’attachement insécure désorganisé dans les cas des plus sévères déficits du poids en populations à risque Crittenden, 1987 ; Valenzuela, 1990 ainsi que pour des échantillons de patients ambulatoires Ward, Kessler, et Altman, 1993 ; Ward, Lee, et Lipper, 2000.Les facteurs parentaux, comme, par exemple, les conflits conjugaux, la psychopathologie maternelle p. ex. dépression et le stress familial, sont des facteurs contributifs des problèmes de sommeil Sadeh, 1996, étant donné que les mères des enfants avec des perturbations de sommeil sont plus à même d’exhiber des représentations distordues et détachées de leurs bébés Benoit, Zeanah, Parker, et al., 1997 et de leurs propres expériences de soins Benoit, Zeanah, Boucher, et al., 1992. [14] Soares I., Santos P., Jongenelen, et al. 1996 ; Soares I., Silva C., Cunha J., Costa O., Santos P. 1999a ; Tereno S. 2007. [15] Dans une perspective de classification psychiatrique, les perturbations d’attachement dans l’enfance sont définies comme des perturbations marquées dans les relations sociales de l’enfant, commençant avant l’âge de cinq ans, qui proviennent de divers contextes sociaux et se distinguent de perturbations inhérentes au développement. Elles peuvent être de deux types a réponses excessivement inhibées, hyper-vigilance ou forte ambivalence à l’égard des prêteurs de soins adultes ; et b sociabilité indiscriminée excessive sociabilité avec des étrangers et un échec relatif à manifester des attachements sélectifs ajustés. Au-delà de ces indicateurs, le DSM-IV recherche des évidences de soins caractéristiquement pathogéniques, incluant insouciance persistante par rapport aux nécessités émotionnelles et physiques de l’enfant ou changements répétés de figure d’attachement primaire. Il faut souligner que les critères de diagnostic des Perturbations d’Attachement de zéro à trois ans NCICP, 1994 mettent l’accent sur les irrégularités de l’ambiance plutôt que sur les comportements enfantins. Toutefois, la fiabilité et la validité de ces schémas de classification ne sont pas supportées Boris, et Lieberman 2000, afin d’élargir ces classifications psychiatriques, ont montré trois catégories de perturbations a perturbations de non-attachement ; b distorsion de base de sécurité ; et c perturbations d’attachements disruptives. Dans l’enchaînement du DSM-IV et de l’ICD, les perturbations relatives à la non préférence d’une figure d’attachement sont définies comme des non-attachements avec retirée émotionnelle et non-attachement avec sociabilité indiscriminée. Les distorsions de base de sécurité incluent les perturbations d’attachement avec risque pour le self activités excessivement dangereuses ou risquées, avec attachement/inhibition absence de comportements exploratoires, avec vigilance/hyper-soumission émotionnellement inhibé et comportement de peur et d’inversion de rôles préoccupation de l’enfant pour le bien-être émotionnel de l’adulte. La perturbation d’attachement disruptif, la troisième catégorie majeure s’applique aux enfants qui ont développé une réponse de protestation, de désespoir ou non-attachement envers une séparation significative par rapport à la figure d’attachement ou une perte soudaine. Plus que n’importe quel autre diagnostic, ceux-ci sont validés par une plus grande association entre perturbations relationnelles sévères et perturbations d’attachement; d’ailleurs, seule une fidélité marginale a été démontrée Boris, Zeanah, Larrieu, et al., 1998. [16] Bowlby 1958 considérait initialement que la première année de vie des enfants était une période sensible dans l’établissement de la relation d’attachement, soutenant que la carence de soins de la part d’une figure stable constitue, dans cette période, un risque pour le développement de l’enfant. Ultérieurement, l’auteur soutiendra que la période comprise entre six mois et cinq ans est aussi sensible en ce qui concerne le développement d’expectatives sur la disponibilité des figures d’attachements, encore qu’il maintienne la position selon laquelle, pendant les premiers six mois de vie, la plupart des bébés sont en état de grande vulnérabilité en ce qui concerne le développement du comportement d’attachement Bowlby, 1969/1982. [17] Quand un enfant possède plus d’une figure d’attachement, on pourrait supposer que son attachement à la figure principale pourrait être moins fort et qu’inversement, quand il possède une seule figure d’attachement, son lien à cette figure sera spécialement intense. D’après Bowlby, cette supposition n’est pas correcte it is a mistake to suppose that a young child diffuses his attachment over many figures in such a way that he gets along with no strong attachments to anyone, and consequently without missing any particular person when that person is away » 1969/1982, p. 308.
Notre solution pour le Défi de Création d'Equipe DCE du mode FUT de FIFA 22 avec un exemple de formation pour les défis Hybride Ligues et Pays qui sont permanents, mais non-répétables. FIFA 22 est disponible à partir de ce vendredi 1er octobre, mais déjà des DCE Défis de Création d'Équipe ont été publiés par EA Sports en raison de l'accès défis vous permettent d’obtenir des packs, des crédits ou directement des cartes bonus en les complétant. Retrouvez ci-dessous notre guide pour les défis Hybride Ligues et Pays qui sont permanents, mais non-répétables. Une fois l'ensemble des défis complétés, vous recevrez un Kit et 13 000 pièces. À lire aussi Le challenger Nationalités Exactement 2 Championnats Exactement 3 Joueurs – même pays Maximum 6 Joueurs – même championnat Maximum 6 Qualité - joueurs Or Collectif Minimum 100 Récompense Pack joueurs mélangés rares Prix 7 200 sur PS4, 7 250 sur Xbox One et 7 150 sur PC Notre exemple de solution pour le défi Le challenger via le créateur FutbinAvancé Nationalités Exactement 3 Championnats Exactement 5 Joueurs – même pays Maximum 5 Joueurs – même championnat Maximum 5 Note d’équipe Minimum 79 Collectif Minimum 100 Récompense Pack joueurs or Premium Prix 8 200 sur PS4, 8 800 sur Xbox One et 8 150 sur PC Notre exemple de solution pour le défi Avancé via le créateur FutbinDiabolique Nationalités Exactement 6 Championnats Exactement 6 Joueurs – même pays Maximum 3 Joueurs – même championnat Maximum 3 Note d’équipe Minimum 81 Collectif Minimum 90 Récompense Pack Méga Prix 12 300 sur PS4, 12 900 sur Xbox One et 10 100 sur PC Notre exemple de solution pour le défi Diabolique via le créateur FutbinMaître puzzle Nationalités Exactement 9 Championnats Exactement 7 Joueurs – même club Maximum 3 Note d’équipe Minimum 82 Collectif Minimum 85 Récompense Pack Méga rare Prix 15 550 sur PS4, 21 350 sur Xbox One et 17 000 sur PC Loyauté Pour tous les joueurs Notre exemple de solution pour le défi Maître puzzle via le créateur FutbinÀ noter que ces formations sont des exemples de solution et qu’il est tout à fait possible de réussir les défis avec une toute autre équipe. Le prix de l'ensemble que nous vous donnons est l'ensemble du prix de chacune des cartes, leurs prix peuvent être amenés à évoluer avec le temps. Rejoignez la communauté Breakflip sur Discord, jouez à FIFA avec les autres joueurs tout en étant informé de nos derniers articles !
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