Maisce n’est pas parce que nous ne pouvons pas accéder à une telle vérité que nous devons renoncer à distinguer le vrai du faux, à élaborer des savoirs susceptibles de faire l’accord des esprits, et à mettre en œuvre les procédures de réflexion sans lesquelles l’esprit ne peut qu’être victime d’erreurs et d’illusions. Le doute, l’examen critique, autrement dit la Lenégationniste doute pour refuser la vérité et non pas pour la chercher. Dans le cas présent on peut donc dire que douter c'est renoncer à la vérité. Douter est à l'origine un acte pour partir à la recherche de la vérité, mais il est impossible de savoir avec exactitude si on l'a trouvée. De plus à trop douter on se retrouve Douterest-ce renoncer à la vérité Home ; Dissertations; Douter est-ce renoncer à la vérité; Douter est-ce renoncer à la vérité. By leter. juin 26, 2018. 827 Views. Dissertations. Share This Post Facebook Twitter Google plus Pinterest Linkedin Digg Le doute pose un problème complémentaire Soit c’est un doute permanent dans ce cas on ne peut pas évoluer puisque l’on Ledoute pour certains serait renonçait a la vérité. Tout d'abord , dans le cas des septiques qui vient du scepticismes qui est une doctrine philosophique d'origine grecque qui consiste à douter de tout et a ne rien admettre pour absolument tout , douter c'est renoncer à la vérité puisqu'ils suspendent totalement leur jugement . Lemercredi 17 août, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a invité son jeune auditoire francophone, réuni au Palladium-Haupthalle Lapersuasion ne peut donc pas, à la vérité, se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet a devant les yeux la créance simplement comme un phénomène de son propre esprit ; l'épreuve que l'on fait sur l'entendement d'autrui des raisons qui sont valables pour nous, afin de voir si elles produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, . Il faut ici répondre à une objection qui a souvent été opposée au christianisme en général [...] tout cela, et au premier chef l’idée d’une victoire sur la mort remportée par le Christ et annonçant notre propre résurrection, est certes fort joli mais ce serait, comme on dit, trop beau pour être vrai ».On trouve par exemple cette objection chez Feuerbach L’essence du christianisme, dans l’impétueux et magnifique roman Lourdes d’Émile Zola, ou plus récemment et sous une forme par ailleurs bienveillante à l’égard du christianisme, chez Luc Ferry Le christianisme nous promet très exactement ce que nous voulons entendre la résurrection des âmes et des corps, et pour couronner le tout, il nous assure que nous pourrons retrouver après la mort, en une autre vie, ceux que nous aimons en celle-là » ; C’est trop beau pour être vrai. C’est tellement ce qu’on a envie d’entendre que cela ne peut être que controuvé. On ne veut pas mourir, on veut retrouver les gens qu’on aime… et comme par miracle il y a un type qui arrive et qui nous promet cela » Luc Ferry, De l’amour et La tentation du christianisme.Il faudrait donc analyser cette promesse et cette croyance comme les résultats d’un processus de projection de nos désirs les plus profonds qu’illusoirement nous finirions par prendre pour des réalités. Une variante de cet argument, présente notamment dans le fameux texte de Marx sur l’opium du peuple puis dans la tradition marxiste, dénonce dans cette croyance une consolation illusoire qui nous éviterait d’affronter lucidement la dure réalité du trépas, sous tous ses aspects. Dans tous les cas il faudrait, comme y invite la saine philosophie, préférer la vérité, fût-elle dure ou triste, à ces illusions joyeuses ou ces fictions nouvelle joyeuse et consolanteCes objections méritent certainement d’être prises en compte, et il est compréhensible que certains les trouvent bonnes. Elles ne sont toutefois pas indiscutables, pour les trois raisons suivantes a Philosophe, je concède volontiers qu’il faut préférer la vérité à toute autre chose, et en particulier qu’il est souhaitable d’avoir la lucidité d’opter pour une vérité dure ou triste plutôt que pour une erreur consolante, pour une mauvaise nouvelle vraie plutôt que pour une bonne fausse. Mais comme je l’ai déjà amplement expliqué, la mort et plus encore ce qui advient après elle ne sont pas des objets à propos desquels on pourrait établir une vérité objective, scientifique, au sens que prend le concept de vérité dans les domaines du savoir où l’on peut produire des démonstrations ou réaliser des expériences. En d’autres termes, dans le débat que j’évoque ici, on n’a pas affaire à un face-à-face entre d’une part la vérité » de ceux qui pensent que la mort est la fin de tout, et d’autre part la croyance » de ceux qui estiment qu’elle a été vaincue par le Christ. Il s’agit d’un face-à-face entre deux types de croyances. Et puisqu’on ne peut faire appel à la vérité objective pour évaluer les thèses en présence, ce sont avant tout les critères d’orthopraxie et de dyspraxie qu’il faut ici mobiliser. De ce point de vue le christianisme a quelques arguments à faire valoir contre MM. Épicure, Feuerbach, Marx, L’idée que quelque chose doit être répudié parce que cela correspond exactement à notre désir ne va pas du tout de soi. Imaginons un homme assoiffé à qui l’on tendrait un bon verre d’eau bien fraîche lui recommandera-t‑on de ne pas s’en saisir, au motif que c’est trop beau pour être vrai » ou que se décider à boire reviendrait à prendre son désir pour une réalité » ? La croyance en la résurrection du Christ est, en un sens, le verre d’eau fraîche et salvatrice proposé à ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort. À chacun de décider s’il entend s’en saisir, ou continuer d’avoir soif. Mais dans cet ordre d’idée, on peut être tenté de renverser la formule trop beau pour être vrai » pour suggérer que, par rapport à ce qu’il peut y avoir de vérité pratique, existentielle dans notre désir, l’annonce chrétienne d’une victoire sur la mort est quelque chose de trop vrai pour être seulement beau. c Enfin, dans ces domaines où il ne saurait être question de vérité objective, je suis toujours surpris par les penseurs qui, brandissant l’étendard d’une illusoire certitude, professent qu’il faut renoncer à une théorie ou une vision du monde au seul ou principal motif qu’elle est consolante. En ce qui me concerne, quand je suis triste, j’ai besoin d’être consolé, et j’apprécie qu’on me console. Alors oui la bonne nouvelle d’une victoire remportée sur la mort est indéniablement consolante, et même joyeuse. Mais en quoi est-ce un problème ? Pourquoi faudrait-il postuler ou affirmer, sans réelle preuve, que ce qu’il faut croire en ce genre de question se trouve nécessairement dans les thèses et les visions du monde tristes, anxiogènes, déprimantes ? Ne peut-on raisonnablement faire le pari contraire ?Mort, où est ta victoire ? Denis pages, 19,90 librairie, le 4 Janvier 2017Comment comprendre aujourd’hui la notion de salut ? Un essai brillant rédigé comme une enquête philosophique et spirituelle. Mort, où est ta victoire ? » s’exclamait saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens. La victoire est autre… Il s’agit d’être sauvé. Mais comment comprendre aujourd’hui cette injonction ? Le salut, une notion périmée ? De quoi aurions-nous à être sauvés, d’ailleurs ?Denis Moreau nous entraîne dans une enquête passionnante autant théologique que philosophique. Ce livre est une relecture contemporaine de la notion de salut s’appuyant sur des textes philosophiques et religieux. On y croise Moïse, saint Paul et Jésus-Christ, Descartes, Pascal, Spinoza, Nietzsche, Sartre, Wittgenstein mais aussi Kurt Cobain, une publicité pour un gel douche et une description pratique de certains péchés thème du salut est beaucoup plus présent dans notre modernité qu’on ne le pense. Ses usages dans la pensée contemporaine sont parfois bien surprenants, et ce parcours plein de rebondissements. Cet essai propose ainsi une véritable philosophie du salut pour aujourd’ Moreau est philosophe, ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de philosophie. Il enseigne à l’université de Nantes. Spécialiste de Descartes, il a dirigé un Dictionnaire des monothéismes Le Seuil et publié plusieurs ouvrages dont Les voies du Salut Bayard, 2010, première version de l’essai Mort, où est ta victoire ? Qu’est-ce que la vérité ? Et la vérité est-elle l’apanage du christianisme ? Qu’est-ce que la vérité ? Vous vous souvenez sans doute de cette réplique de Pilate dans le récit du procès de Jésus dans l’évangile de saint Jean. Il exprimait certainement le doute profond d’une culture païenne répandue dans l’Empire romain, dans lequel la multiplicité des dieux n’arrivait pas à combler l’aspiration des hommes au sens de leur vie. Notre culture et notre société ont suscité beaucoup de systèmes pour promettre à l’homme le salut et le bonheur. Le siècle écoulé, pour ne remonter qu’à lui, nous a proposé successivement le salut par le progrès indéfini des sciences et de la prospérité économique puis le salut par la révolution marxiste. L’un et l’autre ont eu leur temps de séduction et ils ont engendré des attachements comparables à une foi religieuse. L’un et l’autre nous ont montré leurs limites à délivrer l’homme. Après ce que l’on a désigné comme la chute des idéologies, nous avons vu se développer le scepticisme ou le cynisme généralisés. Puisque nous n’avons pas réussi à construire par nous-mêmes notre propre bonheur, pourquoi ne pas prendre acte de cette impossibilité et pourquoi ne pas renoncer à une ambition démesurée ? Pourquoi ne pas nous en tenir à la gestion quotidienne des difficultés en nous efforçant de trouver des protections à notre mesure, chacun pour soi. Ainsi surgit un nouveau mythe sécuritaire la société doit nous materner et nous éviter les risques de la vie. Pour l’avenir, il nous suffit de décrocher le diplôme qui donne accès aux emplois protégés et à attendre la retraite, la plus précoce possible. La découverte de la vérité, la découverte du mystère fondateur de la vie est un chemin, une route. Je pense à Abraham qu’on désigne depuis toujours du nom de Père des croyants. Vous connaissez la parole que Dieu lui a adressée Pars de ton pays, de ta famille, et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir » Gn 12, 1. Mais aussi et surtout à cette parole de Jésus Je suis le chemin, la vérité et la vie » Jn 14, 6. Remarquez la proximité de ces trois mots chemin, vérité et vie. Ils s’éclairent mutuellement il n’y a pas de vérité et de vie en dehors d’un chemin à parcourir. Alors, on comprend l’importance de cet appel que Jésus adresse si souvent aux personnes qu’il rencontre Viens et suis-moi ». La connaissance de la vérité ne mobilise pas notre seule intelligence, mais elle engage toute notre personne. Au terme du second millénaire, le christianisme se trouve, précisément dans le domaine de son extension originelle, en Europe, dans une crise profonde, qui repose sur la crise de sa prétention à la vérité. Cette crise a une double dimension tout d’abord se pose toujours plus la question de savoir s’il est juste, au fond, d’appliquer la notion de vérité à la religion, en d’autres termes s’il est donné à l’homme de connaître la vérité proprement dite sur Dieu et les choses divines. L’homme contemporain se retrouve bien mieux dans la parabole bouddhiste de l’éléphant et des aveugles un roi dans le nord de l’Inde aurait un jour réuni en un lieu tous les habitants aveugles de la ville. Puis il fit passer devant les assistants un éléphant. Il laissa les uns toucher la tête, en disant c’est ça un éléphant. D’autres purent toucher l’oreille ou la défense, la trompe, la patte, le derrière, les poils de la queue. Là-dessus le roi demanda à chacun comment c’est, un éléphant ? Et selon la partie qu’ils avaient touchée, ils répondaient C’est comme une corbeille tressée... c’est comme un pot... c’est comme la barre d’une charrue... c’est comme un entrepôt... c’est comme un pilastre... c’est comme un mortier... c’est comme un balai... Là-dessus - continue la parabole - ils se mirent à se disputer, et en criant L’éléphant, c’est comme ci, c’est comme ça, ils se jetèrent l’un sur l’autre et se frappèrent avec les poings, au divertissement du roi. La querelle des religions apparaît aux hommes d’aujourd’hui comme cette querelle des aveugles-nés. Car face aux secrets du divin nous sommes, semble-t-il, nés aveugles. Le christianisme ne se trouve en aucune manière pour la pensée contemporaine dans une position plus positive que les autres - au contraire, avec sa prétention à la vérité, il semble être particulièrement aveugle face à la limite de toute notre connaissance du divin, caractérisée par un fanatisme particulièrement insensé, qui prend incorrigiblement pour le tout le bout touché par l’expérience personnelle. Ce scepticisme tout à fait général à l’égard de la prétention à la vérité en matière de religion est encore étayé par les questions que la science moderne a soulevées vis-à-vis des origines et des objets de la sphère chrétienne. La théorie de l’évolution semble avoir surclassé la doctrine de la création, les connaissances concernant l’origine de l’homme surclassé la doctrine du péché originel ; l’exégèse critique relativise la figure de Jésus et met des points d’interrogation vis-à-vis de sa conscience de Fils ; l’origine de l’Église en Jésus apparaît douteuse, et ainsi de suite. La fin de la métaphysique » a rendu problématique le fondement philosophique du christianisme, les méthodes historiques modernes ont mis ses bases historiques dans une lumière ambiguë. Aussi est-il facile de réduire les contenus chrétiens à un discours symbolique, de ne leur attribuer aucune vérité plus haute que les mythes de l’histoire des religions - de les regarder comme un mode d’expérience religieuse qui aurait à se placer humblement à côté d’autres. Car s’il ne sait pas d’où il vient et pourquoi il existe, n’est-il pas en tout son être une créature manquée ? L’adieu apparemment définitif à la vérité sur Dieu et sur l’essence de notre moi, l’apparent contentement de ne plus devoir nous occuper de cela, trompe. L’homme ne peut se résigner à être et rester pour l’essentiel un aveugle-né. L’adieu à la vérité ne peut jamais être définitif. » Joseph Ratzinger. Cet extrait tiré d’un texte de Joseph Ratzinger, devenu peu après Benoît XVI, nous amène à nous poser la question sur effectivement, le sens de la vérité. Car c’est en recherchant la vérité que l’on arrive à comprendre finalement le sens de la vie. La seule question qui vaille finalement la peine d’être posée durant notre cours passage dans ce monde. Une objection courante adressée au christianisme par les mouvements néo-gnostiques contemporains, consiste à dire que le chrétien prétend posséder » la vérité. Comment pourrions-nous prétendre posséder une personne ? Car pour les chrétiens, Jésus est la vérité. De plus, Notre-Seigneur annonce qu’il nous enverra l’Esprit de vérité pour nous introduire dans la vérité toute entière. Ce n’est donc pas nous qui possédons la vérité, mais l’Esprit qui nous y introduit. De plus, cette vérité se révèle ultimement être celle de l’amour de charité, c’est-à-dire du don gratuit. Comment pourrions-nous prétendre posséder l’amour, alors que celui-ci n’est que don de soi ? L’Evangile nous révèle que c’est dans le don de nous-mêmes que nous libérons le mouvement de la vie, cette vie que nous possédons dans la mesure même où nous la donnons. L’Eglise catholique n’a jamais prétendu à l’apanage de la vérité » elle reconnaît même la présence de semences du Verbe » sous-entendu de Vérité » dans toutes les traditions. Mais elle prétend - ou plutôt elle croit au sens fort de la vertu théologale et non de la simple croyance - qu’en Jésus-Christ, cette Vérité se révèle en plénitude. Quant au Prologue de saint Jean, c’est un des textes les plus commentés de la littérature universelle ! En des sens souvent contradictoires d’ailleurs. L’Eglise n’a jamais interdit à quiconque de se pencher sur ces versets, mais elle prétend que pour le comprendre de manière authentique, il faut le lire à la lumière de l’Esprit saint qui l’a inspiré à saint Jean. Or la foi est précisément la lumière surnaturelle qui nous permet d’interpréter les Evangiles en Esprit et vérité » Jn 4, 23. Donc finalement cette fameuse vérité si l’on lit bien Saint-Jean, cette vérité doit s’appeler Amour. Alors comment posséder cette vérité qui est amour puisque l’amour est le don de soi aimer c’est tout donner et donc se donner soi-même ». Je ne peux donc pas posséder le don. Car ce sont deux mouvements contradictoires. Or, qui d’autres que Jésus-Christ est allé jusqu’à donné sa vie pour les hommes et devenir ainsi comme la plus parfaite représentation du don de soi ? Le commandement principal de Jésus est donc l’Amour. Tous les commandements de Dieu - ne pas voler, ne pas tuer, ne pas mentir.. compris dans ce commandement que nous a donné Jésus. En cela, le christianisme est la doctrine la plus simple du monde nous valons ce que vaut notre cœur. Mais il faut cependant être attentif, car la parole amour » cache souvent des pièges. Un piège, par exemple, est de confondre le sentiment qu’on éprouve envers les autres pour de l’amour, quand en fait, il s’agit seulement d’un vague sentiment épidermique. L’amour véritable est un don de soi il requiert sacrifice, abnégation et fidélité. Un autre piège, c’est de croire que pour aimer notre prochain, nous devons satisfaire toutes ses demandes. Au contraire quand la demande qui nous est faite est erronée, si nous aimons véritablement notre prochain, nous devons être capable de lui dire non. Mais aimer son prochain comme soi-même est quelque chose de tellement difficile, que tous les grands saints ont justement observé qu’on ne peut y arriver que par amour pour Dieu. De même qu’il est vrai que celui qui n’aime pas son prochain ne peut pas dire qu’il aime Dieu, il est aussi vrai que celui qui n’aime pas Dieu ne peut pas aimer véritablement son prochain. Jésus a expliqué avec relativement peu de paroles ce que veut dire aimer ». Quelques heures avant sa passion, lors du dernier repas, il affirme une dernière fois son commandement... mais ajoute une nuance riche de sens Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » Jn 13,34. Comme je vous ai aimé... c’est-à-dire, jusqu’au point de mourir sur la croix pour nous. C’est cela l’extraordinaire mesure de l’amour chrétien .../... Transition dans ces différentes formes de doute, l'idée de vérité est maintenue mais de manière négative, comme une réalité idéale à laquelle la raison n'a accès que partiellement. Mais renoncer, n'est-ce pas finalement renoncer à la vérité elle-même ? II. Renoncer à dire la vérité c'est renoncer à la vérité En effet, 1. Il n'y a de vérité que dans le jugement c'est-à-dire le langage ; renoncer à dire la vérité, c'est renoncer à la vérité 2. Renoncer à l'idéale de vérité, ce n'est pas douter ; c'est renoncé à rechercher la vérité, à penser, à s'interroger, à reconnaître la pensée rationnelle comme capable d'élaborer des vérités universelles. Mots clés • douter être dans l'incertitude, hésiter, soupçonner. Le doute est un état d'incertitude qui se traduit par un refus d'affirmer ou de nier. On distingue plusieurs formes de doutes - le doute scientifique le savant met à l'épreuve ses hypothèses ; - le doute sceptique, radical, permanent ; - le doute méthodique, radical mais provisoire. L • renoncer abandonner, ne plus espérer, renier. • vérité ce à quoi l'esprit peut donner son assentiment, connaissance conforme au réel. Ce qui est vrai est certain, incontestable. 1 - Quand et par quoi le doute est-il justifié ? 2 - Douter, est-ce la même chose que nier ? 3 - Trouvez des exemples où douter consiste à renoncer à autre chose qu'à la vérité. 4 - Trouvez des exemples où l'on doute au nom de la vérité. Qu'appelle-t-on vérité dans ce cas ? Le doute suspend le jugement. Mais, réserver son jugement signifie-t-il un arrêt définitif dans la recherche de la vérité ? N'y a-t-il pas une manière de douter qui conduit sur le chemin de la vérité ? [Introduction] L'homme ,est un animal doué de raison. La célèbre phrase de Descartes qui ouvre le Discours de la méthode nous lerappelle Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Bien avant Descartes, Cicéron affirmait Vivereest cogitare, Vivre c'est penser ». Cette raison cherche des certitudes. Quel est alors le rôle du doute dans cettequête de la vérité ? L'exercice du doute construit-il ou fait-il renoncer à la vérité ? La recherche de la vérité peut-elle se passer du doute ? [I - Le doute sceptique l'errance de la raison] Le scepticisme est défini par Lalande comme La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre aveccertitude aucune vérité ». L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion –laconclusion d'échec- au terme de l'aventure du avait groupé les arguments sous dix titres ou tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq. Il fautconnaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. a La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes par exemple Héraclite disait que leréel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement aboutissent à la conclusion pessimiste que lavérité qui devrait être universelle est inaccessible. Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à forced'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croientplus à rien. Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de sesexpéditions. Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa librairie » voyagé parmi dessystèmes philosophiques innombrables et tous différents. Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » b La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai comparable àla marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si jepropose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira Prouve ta preuve ». ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l' connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits. Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers. Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout. c La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. d Le diallèle les uns par les autres. Il n'est pas possible de raisonner en évitant les cercles vicieux ». Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant best vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai. Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori. Le cercle vicieux par excellence est celle-ci pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne, au rouet ». e Toute opinion est relative. L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi L'homme ne connaîtra de. » Lui, n'a pas eu quatre heures pour réfléchir sur le sujet. Mais, il a eu cinq ans pour l'étudier et le mettre à l'épreuve. Avant qu'il entame un marathon de 2 h 30, dans la librairie Point-Virgule, à Aurillac, pour dédicacer son livre Les leçons du pouvoir Stock, on a demandé à François Hollande de se pencher, comme les lycéens lundi 18 juin, sur un sujet du bac de philosophie "Peut-on renoncer à la vérité ?" Qui plus est lorsque l'on est président de la République. "Le mensonge mérite la pire des sanctions" François Hollande "Non, je pense que la vérité, c'est encore la meilleure pédagogie. On peut essayer avec le mensonge mais ça ne tient pas. On peut biaiser la vérité mais il y aura à un moment un retour de la sincérité. Et puis il faut assumer la vérité." Avant de rejoindre la libraire, rue des Carmes, l'ex-président s'est offert un bain de foule. L'ancien chef de l'Etat est même allé plus loin que la question posée aux lycéens littéraires en évoquant deux faits marquants de son mandat 2012-2017. Le rejet de sa politique, dans les sondages, et l'affaire Cahuzac, qui a conduit au départ du ministre du Budget, en mars 2013 "Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire ? C'est une autre question. Non, et ça se paye parfois par l'impopularité. Mais, le mensonge mérite la pire des sanctions. Et d'ailleurs, dans le quinquennat, ceux qui ont menti, et il y en a eu devant le Parlement et l'opinion, l'ont payé cher. Et à juste raison." Malik Kebour Photos Louis Fayet Selon une longue tradition, le scepticisme n’est pas une doctrine sérieuse, à tel point que nous pouvons nous demander s’il a jamais existé de vrais sceptiques. Le sceptique affirmerait que tout est incertain, et qu’il faut, par conséquent, douter de tout. Quitte à tomber dans l’incohérence si le sceptique affirme péremptoirement qu’il doute, alors, comme l’écrivait Montaigne, on les tient, incontinent à la gorge, pour leur faire avouer qu’au moins assurent et savent-ils cela, qu’ils doutent » [1]. Faut-il ajouter à cela les charges d’Arnaud et Nicole, auteurs de la Logique de Port-Royal, qui estimaient que les sceptiques étaient une secte de menteurs [2] ? En effet, douter de l’évidence, c’est parler contre son cœur ; c’est ne pas être persuadé par ce que nous disons lorsque nous doutons de la réalité du monde extérieur ou de truismes tels que le tout est plus grand que la partie ». Faut-il également parachever ce piètre portrait par celui de Pyrrhon d’Élis qui, selon certains témoignages [3], n’évitait aucun danger par indifférence aux choses, pas même les chiens enragés ou les précipices ? Le fait même que Pyrrhon devait toujours se faire accompagner pour pouvoir survivre montrerait que son scepticisme n’était pas viable sur le plan pratique. Le scepticisme serait donc une philosophie de mauvaise foi, non seulement incohérente du point de vue théorique, mais aussi impraticable dans le domaine de la vie quotidienne. Cependant, de telles critiques sont-elles fondées ? Ne passent-elles pas à côté de l’essentiel de la sagesse sceptique ? À rebours de cette tradition, l’ouvrage de Stéphane Marchand démontre qu’il peut exister une philosophie sceptique cohérente qui échappe aux objections qui lui sont habituellement adressées. Unité et multiplicité des sceptiques L’enjeu principal est d’éviter le sophisme de l’épouvantail », c’est-à-dire caricaturer une thèse pour ensuite mieux la réfuter. Pour cela, il faut revenir aux origines antiques du scepticisme afin de comprendre précisément le sens et la portée des arguments sceptiques. L’ouvrage est donc avant tout une initiation à la pensée sceptique. Sa présentation chronologique met autant en valeur les points communs que les différences entre les philosophes sceptiques. Mais l’ouvrage vise également à faire le point sur les débats actuels qui portent sur l’interprétation des différentes sources du scepticisme antique. Or, la principale difficulté d’interprétation vient d’abord de la multiplicité des démarches sceptiques qui nous sont parvenues via les principales sources antiques. Comme l’écrit l’auteur, le scepticisme n’est pas seulement un problème philosophique, mais aussi un problème historique » p. 13. En effet, on distingue principalement deux mouvements qui évoluent avec plus ou moins d’influence réciproque le premier évolue sur cinq siècles et s’est formé à partir de la figure fondatrice de Pyrrhon d’Élis. Le vocable pyrrhonisme » se réfère aux paroles et gestes de Pyrrhon qui ont été théorisés par son élève Timon de Phlionte. Cette première voie a ensuite été reprise par Énésidème et Sextus Empiricus. La particularité de ce premier mouvement est qu’il n’a pas constitué une école, au sens que peut avoir ce terme dans l’Antiquité, même si tous se définissent en rapport avec la sagesse enseignée par Pyrrhon. Toutefois, si le terme pyrrhonien » est souvent un autre nom pour qualifier un sceptique, tout sceptique n’est pas nécessairement pyrrhonien. Le deuxième mouvement sceptique, que l’on nomme la nouvelle Académie, se situe dans la lignée directe de Socrate et de Platon. Contrairement au pyrrhonisme, la nouvelle Académie se développe au sein de l’école la plus célèbre de l’Antiquité. Or c’est à partir d’Arcésilas, nouveau chef de l’école, que débute le tournant sceptique de l’Académie, et se poursuit par la succession des nouveaux chefs tels que Carnéade, Clitomaque ou Philon de Larissa. La tradition académicienne se constitue principalement contre d’autres écoles, épicuriennes ou stoïciennes, qui sont dites dogmatiques » par leur prétention à pouvoir identifier un bien ou un mal par nature, à décider de la vérité d’une opinion avec certitude. Une pratique argumentative, inspirée de la démarche socratique de l’opposition d’arguments et de la réfutation des thèses adverses, est réactivée par une école qui préserve les textes de Platon d’une lecture dogmatique. La distinction entre ces deux mouvements sceptiques est une question topique dans toutes les présentations classiques du scepticisme [4]. Toutefois, il y a bien un projet commun qui les unit selon Sextus Empiricus Esquisses pyrrhoniennes, I, 25-30, tous les sceptiques sont d’accord pour considérer que la philosophie est une recherche de la tranquillité en matière d’opinions et de modération des affects. Or, le dogmatisme, en prétendant nous donner une connaissance certaine de la nature des choses, est la cause de nos troubles nous nous attachons à des choses dont la nature est en réalité incertaine. Par conséquent, pour parvenir à la fin recherchée, il faut rejeter le dogmatisme. La pratique philosophique des sceptiques vise à détruire les erreurs des dogmatiques sans nécessairement bâtir de nouvelles thèses la voie sceptique est avant tout critique. C’est en reprenant à la lettre les termes de leurs opposants que les sceptiques argumentent. L’unité des sceptiques est également méthodologique afin de produire des apories conduisant les dogmatiques à la suspension du jugement, les sceptiques ont recours au principe d’isosthénie à tout argument peut s’opposer un autre argument de force égale. Or, en l’absence d’un critère pour trancher entre ces arguments, mieux vaut suspendre son jugement plutôt que de s’emporter dans des illusions. Par cette suspension, les sceptiques espèrent ainsi obtenir la tranquillité recherchée. L’insaisissable connaissance La critique de l’optimisme gnoséologique selon lequel nous pouvons connaître la vérité avec certitude n’est pas propre à la philosophie sceptique. Par exemple, la démarche de Démocrite De la nature, LM 27 n’est pas exempte d’une pratique du doute lorsqu’il critique la connaissance des qualités sensibles. Néanmoins, cette critique était plus un point de départ pour laisser place à la constitution d’une science de la nature. Or, l’auteur remarque que la pensée sceptique se caractérise par un renversement des priorités […] nous n’entrons réellement dans la pensée sceptique qu’une fois que les priorités se trouvent renversées, la remise en cause de la connaissance n’étant plus ni l’arrière-plan, ni le moyen, mais bien le but de la pratique philosophique. Faire de la remise en cause de la connaissance et du jugement de vérité la finalité du discours philosophique, voilà ce qui définit peut-être le mieux, en première approche, les différentes sortes de sceptiques. p. 23. Cette inversion constitue une nouvelle façon de faire de la philosophie le sceptique n’est pas indifférent vis-à-vis du savoir. Il est animé au contraire d’une prudence extrême, si grande qu’elle conduit à ne plus rien affirmer de peur de se tromper. Cependant, en affirmant que tout est incertain, le sceptique n’est-il pas au moins certain de cette affirmation ? Telle est l’objection dite du dogmatisme négatif » qui structure les développements de l’histoire du scepticisme. Selon l’académicien Arcésilas, il ne s’agit pas d’affirmer péremptoirement que la vérité est inconnaissable et inaccessible, mais de provoquer la suspension du jugement face aux thèses qui se présenteraient comme vraies. Or, comme le souligne l’auteur, une telle critique suppose une nouvelle manière d’argumenter car écrire, soutenir des thèses, discuter et réfuter d’autres thèses, tirer des conclusions etc., n’est-ce pas reconnaître la validité du modèle de rationalité qui est critiqué p. 24 ? Si les sceptiques se divisent sur cette question, tous admettent qu’il est nécessaire de rompre avec une certaine pratique de la philosophie. Une première rupture a lieu dans le rapport que les pyrrhoniens entretiennent avec le langage p. 119-121. Le problème a bien été résumé par Montaigne Je vois les philosophes Pyrrhoniens qui ne peuvent exprimer leur générale conception en aucune manière de parler car il leur faudrait un nouveau langage » op. cit., p. 287. En effet, le langage est d’essence dogmatique toute proposition s’engage dans une description d’un état du monde, une manière dont sont les choses dans la réalité. L’exigence de se prémunir contre l’erreur suppose de redéfinir la nature assertive du langage. Or, les paroles des Pyrrhoniens, contrairement à celle des Académiciens, ne décrivent que la manière dont les choses nous apparaissent subjectivement, et ce sans soutenir d’opinions à propos de la nature des choses. Au lieu de dire ceci est ou n’est pas », le sceptique reformule en énonçant ceci m’apparaît ou ne m’apparaît pas ». Tout énoncé sceptique n’est donc que le compte rendu de ses propres états subjectifs et se réinterprète dans le cadre d’une suspension du jugement. La deuxième rupture se produit dans un nouveau rapport à l’argumentation les arguments employés par le sceptique ne visent plus à découvrir la vérité ou décrire une réalité objective, mais possèdent un usage avant tout dialectique. Le langage sceptique ne décrit pas des relations entre les mots et les choses, mais des relations entre les mots, entre des arguments qui s’opposent à d’autres arguments. Les méthodes développées par deux figures aussi différentes qu’Arcésilas ou Énésidème ne consistent pas à affirmer dogmatiquement que les choses sont incompréhensibles, mais cherchent plutôt à produire des apories sur des objets théoriques. D’où l’importance de l’usage des tropes » sceptiques, surtout dans la tradition pyrrhonienne, c’est-à-dire des outils théoriques qui constituent une matrice dialectique mobilisable contre une théorie particulière. N’importe quelle thèse dogmatique peut ainsi être renversée grâce à ces tropes. L’argumentation sceptique n’a donc pas pour but d’établir la vérité d’une proposition mais cherche à en établir une réfutation. Pour comprendre cette fonction strictement réfutative de l’argumentation, l’auteur la rapproche du modèle médical en insistant sur sa fonction psychologique p. 174-177 le but du médecin n’est pas de produire un discours vrai au sujet de la maladie, mais de guérir le patient. De même, le but du sceptique est de nous guérir des maladies qui nous empêchent de parvenir à la vie bonne. La question de la vérité devient alors secondaire lorsqu’il faut soigner le mal que représente le dogmatisme. En effet, la précipitation des affects pousse le dogmatique à affirmer plus que ce qu’il peut véritablement démontrer. Il s’attache à ses opinions comme si elles reflétaient la véritable nature des choses. Or, tout comme le médecin utilise des substances pour rétablir l’équilibre des humeurs, les remèdes sceptiques sont des arguments destinés à produire la suspension du jugement et rétablir ainsi l’équilibre dans les opinions du dogmatique. Le philosophe sceptique se tient ainsi à distance de la vérité d’un argument pour en faire un usage strictement persuasif. Dès lors, la suspension du jugement est-elle la thèse du scepticisme ? Si c’était le cas, ce serait encore soutenir une thèse dont nous sommes certains, ce qui serait à nouveau un geste dogmatique. Selon Sextus Empiricus, la suspension du jugement n’est pas une thèse propre au scepticisme elle est avant tout le point d’aboutissement d’une philosophie dogmatique qui recherche la vérité pour répondre aux troubles de l’âme. Mais cette quête de la vérité s’étant avérée impossible, il serait plus sage d’y renoncer. Or, au moment même où il abandonne sa quête, le philosophe dogmatique obtient ce qu’il recherchait, à savoir la tranquillité en matière d’opinions et d’affects. Selon l’auteur, le sceptique ne fait que suivre une éthique du renoncement » qui caractérise cet abandon radical des promesses du dogmatisme p. 166-168. Cette idée est illustrée par l’image célèbre du peintre Apelle qui, n’arrivant pas à imiter l’écume sortant de la bouche du cheval, jeta l’éponge sur son tableau et produisit l’écume du cheval qu’il cherchait à imiter Esquisses pyrrhoniennes, I, 28-29. Par conséquent, le scepticisme se construit sur les ruines des thèses dogmatiques la suspension du jugement n’est jamais qu’une conséquence de l’échec du dogmatisme à fonder un art de vivre. Et comme il n’y a pas de méthode pour atteindre la fin recherchée, la tranquillité de l’âme ne sera que fortuite. Par cette stratégie, le sceptique est assuré de ne jamais défendre des thèses, mais tire plutôt les conséquences des échecs d’un itinéraire intellectuel. Vivre dans l’incertitude Cette critique radicale de la connaissance a conduit plusieurs détracteurs à formuler l’objection suivante puisque le sceptique considère qu’il doit suspendre son jugement à propos de toute proposition et vivre sans opinions, ne doit-il pas être conduit à l’inactivité ? La voie sceptique n’est-elle pas alors incompatible avec les exigences de la vie, puisque pour vivre il faut agir ? Personne n’aurait alors intérêt à suivre une philosophie qui nous enjoindrait de rester inactif. Selon l’auteur, l’objection de l’apraxie – l’idée que le sceptique ne peut pas agir – est importante pour comprendre l’évolution et les divergences de chacune des voies sceptiques, car elle implique de redéfinir les limites du doute. Jusqu’où faut-il porter la suspension de l’assentiment p. 81 ? Les Académiciens ont choisi de limiter la portée de leurs doutes en introduisant la notion de connaissance probable. La figure de Carnéade est ici centrale sans remettre en cause l’idée qu’une expérience subjective d’un phénomène ne peut pas être un critère de vérité, il admet que certaines impressions que nous recevons des objets comportent bien des différences entre elles. Certaines sont plausibles, d’autres le sont moins. Même si ces impressions peuvent nous tromper, elles n’en sont pas moins un guide pour une action réalisée dans un contexte d’incertitude cognitive. Ce qui n’est pas un critère de vérité devient ainsi critère d’action passant du vrai au vraisemblable. Par conséquent, si l’Académicien ne peut pas statuer sur le vrai, il pourra toutefois agir conformément aux exigences de la vie pratique. La solution pyrrhonienne diffère radicalement Sextus Empiricus estime que le critère d’action des Académiciens est, in fine, un critère de vérité, ce qui contredit au principe de la suspension du jugement Adversus Mathematicos, VII, 179. En effet, établir la fiabilité des impressions, même dans un but pratique, n’est pas différent du processus qui consiste à établir la possibilité de la connaissance. La voie pyrrhonienne se propose ainsi de ne rien céder du point de vue de la connaissance, tout en se tenant strictement aux phénomènes pour guider leur action. Or, vivre sans opinions et selon les phénomènes consiste à suivre quatre règles tirées de notre vie quotidienne Esquisses pyrrhoniennes, I, 23-24 1 agir selon la conduite de notre nature sensible et intellectuelle ; 2 agir selon la nécessité des affects qui nous poussent à désirer des biens nécessaires pour notre survie ; 3 agir selon la tradition des lois et des coutumes qui nous sont imposées par la vie en société ; 4 agir selon l’apprentissage des arts qui augmentent notre maîtrise de la nature et nous fait accéder à la culture. Chacune de ces quatre règles sont commentées par l’auteur, mais la difficulté que pose la troisième fait l’objet d’un traitement plus particulier p. 190-193 faire de la tradition des lois et des coutumes le guide de notre vie peut sembler extrêmement conformiste, voire dangereux le sceptique pyrrhonien ne nous enjoindrait-il pas de suivre les lois instituées par un tyran ou des coutumes moralement condamnables ? En s’inspirant de Sextus Empiricus Contre les moralistes, XI, 162-166, l’auteur propose une solution qu’il qualifie de pragmatique » toute décision est inscrite dans un contexte de normes déjà instituées et doit s’appuyer sur ce qui nous apparaît à un moment donné. Si agir suppose d’imiter des modèles d’action qui ont fait leurs preuves par le passé, cela n’implique pas que toute loi mérite d’être suivie simplement parce que c’est la loi. Une loi qui ne ferait plus ses preuves ne mériterait plus d’être suivie. Une délibération sur la légitimité d’une loi peut donc avoir lieu sans se fonder sur une règle universelle d’action, mais à partir d’une réflexion contextualisée et conduite au cas par cas. Devenirs du scepticisme Après les deux grands mouvements sceptiques de l’antiquité, qu’en reste-t-il dans l’histoire de la pensée ? Leur premier destin sera d’abord l’anonymat selon Richard Popkin, le scepticisme ressemble à une lettre anonyme que le philosophe dogmatique recevrait et qui le sommerait de lui demander d’établir le fondement de ses assertions [5]. Le projet d’une vie sans opinions disparaît ainsi derrière des arguments qui deviennent des problèmes méthodologiques pour philosophes dogmatiques. Le scepticisme n’est plus qu’un nom générique permettant de poser un problème philosophique sans mentionner les auteurs qui l’auraient posé. Le mérite de l’ouvrage de Stéphane Marchand est d’abord d’avoir levé l’anonymat des principaux sceptiques Pyrrhoniens ou Académiciens. Mais il a aussi montré la complexité des arguments sceptiques qui sont souvent réfutés rapidement à cause du détachement de leur contexte théorique. Loin d’être une philosophie dénuée d’intérêt, l’auteur rappelle la pertinence des sceptiques dans la modernité scientifique p. 214 si le progrès scientifique a infligé une sérieuse entorse à l’idée que nous ne pouvons rien connaître, le scepticisme a aussi pu faire progresser la science, notamment par son renoncement à connaître une vérité définitive, ainsi que par sa volonté de s’en tenir aux strictes bornes de l’expérience. Nous pouvons en revanche constater certaines ambiguïtés du livre lorsqu’il s’agit d’évoquer le rapport des sceptiques avec la vérité dans un passage p. 176, l’auteur considère que la pratique dialectique de l’opposition d’arguments n’est pas compatible avec la recherche de la vérité. Ce qui est recherché par le sceptique est la suspension du jugement qui permettra la tranquillité. La production systématique de la suspension du jugement bloque tout accès au vrai et contredit ainsi l’image d’un chercheur » qui serait animé par le désir de découvrir la vérité. Si la lecture anti-rationaliste » de l’auteur se fonde sur des déclarations explicites de Sextus Empiricus, il a aussi conscience que la pratique argumentative des sceptiques suppose une obéissance aux règles de la raison [6] s’il y a suspension du jugement, ce n’est pas parce que nous sommes indécis face à deux raisons d’égales valeur, mais parce qu’il est rationnel de ne pas faire de choix arbitraire. Le sceptique possède au moins le désir et la faculté de reconnaître la validité d’un argument pour produire la suspension du jugement une certaine vérité logique y est recherchée. Il est donc discutable d’affirmer que le sceptique n’est pas à la recherche de la vérité, puisqu’il reconnaît bien certains principes de la raison pour déceler les contradictions du dogmatique. Outre ce point délicat d’interprétation, la monographie de Stéphane Marchand intéressera non seulement les historiens de la philosophie antique, les chercheurs en épistémologie et en éthique, mais aussi le public cultivé grâce à sa présentation claire et pédagogique. Stéphane Marchand, Le scepticisme. Vivre sans opinions, Vrin, collection bibliothèque des philosophies », 2018, 240 p., 23 €.

douter est ce renoncer à la vérité